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Ian Boucard
Question N° 32668 au Ministère de l’agriculture


Question soumise le 6 octobre 2020

M. Ian Boucard attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur les moyens alloués à la recherche agronomique pour permettre au monde agricole de s'adapter aux défis du changement climatique. En effet, en France, les sécheresses à répétitions provoquent des dégâts considérables dans le domaine agricole. La FNSEA note que « 30 à 70 % de la stagnation de blé tendre en France seraient imputables au changement climatique ». Pour les agriculteurs le constat est clair : il fait de plus en plus chaud et le blé ne pousse pas. Ainsi, les chambres d'agriculture préviennent qu'un grand nombre de céréaliers sont menacés à cause de la baisse du rendement des exploitations qui se répercute chaque année. De plus, au-delà de l'épuisement des ressources et de l'impact sur les cultures, c'est tout le secteur de l'élevage qui est également touché. Le changement climatique a sur cette filière des conséquences majeures qui touchent à la qualité et à la disponibilité des aliments et des fourrages. Les éleveurs se voient obliger de compenser ces carences en achetant des compléments alimentaires qui provoquent des surcoûts importants. Faute d'adaptation, le monde agricole pourrait être mis en péril. Or des recherches montrent que l'agriculture a un réel rôle d'atténuation du changement climatique. Il est donc urgent de permettre à ce secteur de tirer le meilleur des ressources de la nature sans la dégrader grâce aux progrès que peut permettre aujourd'hui la recherche. Les financements publics ont donc un rôle majeur à jouer pour favoriser l'exploration de nouveaux scénarios d'adaptation du secteur agricole face au changement climatique. Alors que le plan de relance présenté par le Gouvernement prévoit 1,2 milliard d'euros pour soutenir l'agriculture, il souhaite savoir ce qu'il entend également engager pour la recherche agronomique afin de permettre à ce secteur d'entamer une transition agroécologique plus que jamais nécessaire pour faire face aux enjeux climatiques et alimentaires.

Réponse émise le 16 mars 2021

Les relations entre agriculture et changement climatique constituent une thématique de recherche largement investie par les organismes de recherche français et internationaux et soutenue par la France. En complément des travaux sur l'atténuation du changement climatique, la recherche agronomique s'est penchée, depuis de nombreuses années, sur l'impact du changement climatique sur la forêt puis sur l'agriculture. Ainsi, en 2010, le projet de l'agence nationale de la recherche (ANR) « Climator » mobilisant plusieurs acteurs de la recherche et du développement agricole au niveau national (INRAE, CNRS, Arvalis, chambres d'agriculture…) et soutenu par l'ANR, a produit une synthèse sur cette problématique et a contribué à la sensibilisation des acteurs à travers un livre vert Climator édité par l'Ademe. Ensuite, l'un des premiers métaprogrammes interdisciplinaires lancé par l'institut national de la recherche pour l'agriculture (INRA) a porté sur ce thème l'adaptation au changement climatique de l'agriculture et de la forêt. Il a par exemple permis de lancer et soutenir le projet sur l'adaptation à long terme au changement climatique pour la viticulture et l'œnologie (LACCAVE). Aujourd'hui les enjeux de l'adaptation au changement climatique sont bien présents dans les orientations scientifiques stratégiques de l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) et du centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD). Ils se conjuguent avec les enjeux d'atténuation du changement climatique et de réponse aux besoins alimentaires des populations, tout en visant une réduction drastique de l'utilisation d'intrants tels que les pesticides de synthèse, ainsi que la préservation des ressources naturelles. Pour relever ce défi, la recherche agronomique française s'appuie sur les principes de l'agroécologie et les atouts des technologies. Elle peut également valoriser un riche patrimoine de ressources génétiques animales et végétales. Le ministre de l'agriculture et de l'alimentation est attentif à la place des sujets agricoles dans toutes leurs dimensions, y compris climatiques, dans le cadre des orientations du financement de la recherche, tant au niveau national qu'européen. En ce qui concerne les financements au niveau national, il rappelle que le plan de relance prévoit non seulement des mesures en faveur de la transition agroécologique de l'agriculture, mais également des mesures de soutien à la recherche. Il souligne que 2 stratégies d'accélération en cours d'élaboration concernent directement l'agriculture et l'alimentation et permettront de soutenir des projets ambitieux avec l'appui du programme d'investissements d'avenir 4 (PIA 4). Il se félicite également de l'issue des négociations communautaires du programme-cadre Horizon Europe, qui attribuent au « cluster » « alimentation, agriculture, ressources naturelles et bioéconomie », une enveloppe financière ambitieuse de 8,9 Md€.

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