Les amendements de Benjamin Lucas-Lundy pour ce dossier

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Nous avons vu, ce week-end encore, à quels procédés démagogiques et fallacieux vous êtes prêt à recourir, à grands renforts des moyens de l'État ;

à quels chantages vous vous livrez sans vergogne dans les réseaux sociaux et dans les médias. De nombreux collègues, sur tous les bancs, peuvent en témoigner. La fébrilité n'excuse pas tout. On attendait de vous le comportement d'un ministre de la République, pas celui d'un chroniqueur de chaîne d'information en continu.

Voter cette motion de rejet, c'est seulement, mais nettement, reconnaître la situation politique et parlementaire telle qu'elle est. C'est dire que ce débat sur la France, sur sa place dans le monde, sur le rapport que la République entretient à celles et à ceux qui la rejoignent, quoi que l'on pense sur le fond, mérite mieux que vos tergiversa...

Je pense à Alfred, épidémiologiste de renom, médecin volontaire à Briançon et Montgenèvre. Je pense à Chantal, qui enseigne le français à de jeunes arrivants à Avignon. Je pense à Stéphane, boulanger de Besançon, qui a fait la grève de la faim pour empêcher l'expulsion de son apprenti.

Je pense à Fathia qui collecte des denrées alimentaires à Calais pour ces milliers de femmes, d'hommes et d'enfants qui croupissent dans la boue et le froid. Je pense à Gérard, maire de Pessat-Villeneuve, dans le Puy-de-Dôme, 670 habitants, qui héberge depuis 2015 des exilés dans le dortoir d'une ancienne colonie de vacances.

Je pense à Emma, étudiante à Nevers, qui assure des permanences d'accès au droit pour les exilés. Je veux dire à ces millions de femmes et d'hommes qui ont confiance dans nos valeurs, qui s'inscrivent dans l'histoire de l'humanisme, qu'ils sont l'honneur et la grandeur de la nation.

Ernest Renan écrivait que « ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé, et de vouloir en faire encore dans l'avenir ». Alors je dis pour ma part que nous sommes une nation bien plus grande, bien plus forte, bie...

On nous dit minoritaires. Je ne crois pas que ce soit une vérité ou, tout du moins, ce n'est pas une fatalité. Il est vrai que nous sommes dans un moment singulier où l'angoisse du déclassement et la vision du déclin de la France suscitent la colère légitime de nos concitoyens. Il pèse sur le débat démocratique un climat de peur. La peur, c'est...

Ce racisme d'atmosphère se manifeste dans les petites humiliations du quotidien – de discours stigmatisants en amalgames orduriers –, dans des violences symboliques qui deviennent physiques, nous l'avons vu encore récemment. Ce racisme d'atmosphère imprègne évidemment le débat sur l'immigration.

Assez naturellement, l'opinion publique surestime de 15 points le poids de l'immigration en France. On a fait des victimes qui fuient la guerre ou la misère des coupables, boucs émissaires faciles d'une France déclassée par des décennies de néolibéralisme, fracturée par les inégalités, minée par les injustices, désertée par les services publics...

S'il y a un grand remplacement, ce n'est pas celui auquel se réfèrent les complotistes xénophobes, mais celui des agents des services publics par des machines froides et privatisées :

le grand remplacement des commerces de proximité par des entrepôts géants de multinationales, le grand remplacement de la liberté par les discriminations, de l'égalité par le « marche ou crève », de la fraternité par le chacun pour soi.

Chers collègues, c'est à la refondation de notre pacte républicain, à la redéfinition de notre contrat social qu'il conviendrait de nous atteler ici, pour réparer et apaiser le pays. Mais vous avez choisi, monsieur le ministre, de vous engouffrer dans le piège qui a déjà englouti nombre de vos prédécesseurs. Avec tambours et trompettes, vous no...

Notre point d'équilibre à nous n'est pas compatible avec votre texte. Notre exigence va vers une politique d'humanité, qui ne peut être équidistante d'aucune prétendue fermeté. Cette fameuse fermeté, parlons-en. En quarante ans et trente lois sur l'immigration, elle n'aura produit que deux effets : l'inflation des revenus des passeurs, qui inde...

Au cours du jeune XXIe siècle, il aura été construit 40 000 kilomètres de murs à travers le monde : autant que la circonférence de la planète. Pour quel résultat ? Notre exigence va vers une politique de la fraternité, constitutive de notre contrat social.

Si la fraternité trône aux côtés de la liberté et de l'égalité dans le triptyque de notre devise républicaine, ce n'est pas seulement pour demeurer gravée en lettres creuses aux frontons de nos mairies ; c'est pour forger notre action, s'incarner, s'éprouver tant dans le quotidien de chacune et de chacun que dans les choix qui guident la façon ...

L'appel d'air n'existe pas ! Laissons les familles se réunir, les gens s'aimer, les malades être soignés. Et que cesse le harcèlement des humanitaires, la criminalisation de la solidarité !

La lucidité, c'est regarder les chiffres : la part des étrangers en France est globalement stable depuis des décennies. Nous accueillons moins que nombre de nos voisins et bien moins que la plupart des pays du Sud, qui sont le point d'arrivée de la majeure partie des migrations. Non, il ne nous est pas demandé d'accueillir je ne sais quelle « j...

La lucidité, c'est sortir la comptabilité des étudiants étrangers des statistiques de l'immigration et reconnaître que, pour la plupart, ils repartent dans leur pays et y font rayonner la France, qu'ils réussissent mieux leurs études et rapportent 1,3 milliard d'euros chaque année à notre économie. Soyons fiers, pour notre influence, notre rech...

La lucidité, c'est comprendre que l'intégration ne peut se résumer à une injonction. Elle est un processus de socialisation qui implique une progression dans le temps. C'est l'action politique qui peut créer les conditions de cette inclusion en levant les obstacles économiques, sociaux, éducatifs, linguistiques, culturels et civiques.