Les amendements de Benjamin Lucas-Lundy pour ce dossier

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Parler de la migration des hommes et des femmes, ce n'est pas seulement participer à un débat législatif, juridique, technique. C'est aussi, et peut-être même d'abord, parler de nous-mêmes, de la nation que nous formons ensemble. C'est chercher à comprendre l'idée que chacune et chacun se fait de la France, de sa place dans le monde. C'est invo...

C'est plonger dans l'intimité de vies humaines qui dépendent directement des décisions que nous prenons. Le hasard d'un tirage au sort a voulu que mon groupe présente cette motion de rejet préalable. Je veux le dire, en préambule, aux collègues des groupes LR et LIOT, mais aussi à ceux qui, dans la majorité présidentielle, doutent : un vote fa...

Nos règles parlementaires et démocratiques sont claires. Je sais qu'il n'existe pas, sur ce sujet, de majorité pouvant se rattacher à l'analyse que j'exposerai dans un instant…

…et je n'aurai pas l'outrecuidance de croire que je peux, en quelques instants, vous convaincre. Mais il n'existe pas davantage de majorité autour du texte du Gouvernement.

Et c'est bien là le seul objet de cette motion. Oui ou non, le Gouvernement peut-il obtenir in fine les voix nécessaires à l'adoption de son projet ? Chacun connaît la réponse.

Ce vote doit permettre d'en apporter la démonstration. Nous n'en tirerons aucune gloire et nous savons que ce n'est pas autour de nos idées que se fait ce scrutin.

Nous ne le prendrons que comme un point d'appui, tournant ainsi la page de longs, de très longs mois que vous avez employés, monsieur le ministre, à tenter de rallier une majorité d'entre nous. Voici plus d'un an que nous discutons de ce projet de loi. Il est temps de décider ! Monsieur le ministre, vous n'avez pas su trouver les équilibres et...

Par conséquent, la discussion parlementaire qui s'ouvrirait si, d'aventure, nous rejetions cette motion ne serait qu'un vaste marchandage visant à débaucher individuellement les nombreuses, très nombreuses voix qui vous manquent.

Nous avons vu, ce week-end encore, à quels procédés démagogiques et fallacieux vous êtes prêt à recourir, à grands renforts des moyens de l'État ;

à quels chantages vous vous livrez sans vergogne dans les réseaux sociaux et dans les médias. De nombreux collègues, sur tous les bancs, peuvent en témoigner. La fébrilité n'excuse pas tout. On attendait de vous le comportement d'un ministre de la République, pas celui d'un chroniqueur de chaîne d'information en continu.

Voter cette motion de rejet, c'est seulement, mais nettement, reconnaître la situation politique et parlementaire telle qu'elle est. C'est dire que ce débat sur la France, sur sa place dans le monde, sur le rapport que la République entretient à celles et à ceux qui la rejoignent, quoi que l'on pense sur le fond, mérite mieux que vos tergiversa...

Je pense à Alfred, épidémiologiste de renom, médecin volontaire à Briançon et Montgenèvre. Je pense à Chantal, qui enseigne le français à de jeunes arrivants à Avignon. Je pense à Stéphane, boulanger de Besançon, qui a fait la grève de la faim pour empêcher l'expulsion de son apprenti.

Je pense à Fathia qui collecte des denrées alimentaires à Calais pour ces milliers de femmes, d'hommes et d'enfants qui croupissent dans la boue et le froid. Je pense à Gérard, maire de Pessat-Villeneuve, dans le Puy-de-Dôme, 670 habitants, qui héberge depuis 2015 des exilés dans le dortoir d'une ancienne colonie de vacances.

Je pense à Emma, étudiante à Nevers, qui assure des permanences d'accès au droit pour les exilés. Je veux dire à ces millions de femmes et d'hommes qui ont confiance dans nos valeurs, qui s'inscrivent dans l'histoire de l'humanisme, qu'ils sont l'honneur et la grandeur de la nation.

Ernest Renan écrivait que « ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé, et de vouloir en faire encore dans l'avenir ». Alors je dis pour ma part que nous sommes une nation bien plus grande, bien plus forte, bie...

On nous dit minoritaires. Je ne crois pas que ce soit une vérité ou, tout du moins, ce n'est pas une fatalité. Il est vrai que nous sommes dans un moment singulier où l'angoisse du déclassement et la vision du déclin de la France suscitent la colère légitime de nos concitoyens. Il pèse sur le débat démocratique un climat de peur. La peur, c'est...

Ce racisme d'atmosphère se manifeste dans les petites humiliations du quotidien – de discours stigmatisants en amalgames orduriers –, dans des violences symboliques qui deviennent physiques, nous l'avons vu encore récemment. Ce racisme d'atmosphère imprègne évidemment le débat sur l'immigration.

Assez naturellement, l'opinion publique surestime de 15 points le poids de l'immigration en France. On a fait des victimes qui fuient la guerre ou la misère des coupables, boucs émissaires faciles d'une France déclassée par des décennies de néolibéralisme, fracturée par les inégalités, minée par les injustices, désertée par les services publics...

S'il y a un grand remplacement, ce n'est pas celui auquel se réfèrent les complotistes xénophobes, mais celui des agents des services publics par des machines froides et privatisées :

le grand remplacement des commerces de proximité par des entrepôts géants de multinationales, le grand remplacement de la liberté par les discriminations, de l'égalité par le « marche ou crève », de la fraternité par le chacun pour soi.