Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du lundi 28 novembre 2022 à 16h00
Soutien au mouvement pour la liberté du peuple iranien — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Cependant, par rapport aux précédentes mobilisations, c'est l'une des premières fois où l'on observe une telle convergence des classes sociales, des groupes ethniques, des religieux et des laïcs, qui s'unissent, dans la rue, contre le régime. Dans les manifestations se mêlent des personnes de tous les âges. Ainsi cette grand-mère de la ville de Rasht, qui retire son voile et se rappelle avoir protesté contre la destitution du Premier ministre Mossadegh en 1953, ou cet homme âgé, debout avec sa fille, qui raconte avoir été arrêté en 1978 par la Savak, la police secrète du Shah, pendant la révolution.

Pour Shirin Ebadi, ancienne magistrate, prix Nobel de la paix, que j'avais eu l'honneur de recevoir dans cette assemblée en 2018, « ce qui se passe aujourd'hui en Iran est une révolution, dans le sens plein du terme ». Et la réponse du régime est à la hauteur du danger que le mouvement représente : le Gouvernement a bloqué l'accès à internet et à des plateformes de réseaux sociaux ; certains réseaux de téléphonie mobile et fixe ont également été fermés ou circonscrits ; 15 000 personnes auraient été arrêtées, plus de 2 000 inculpées, 300 manifestants et manifestantes auraient été tués.

Le soulèvement populaire en Iran est une source d'inspiration pour les peuples du monde entier, a fortiori dans une région où ils subissent l'oppression, la domination, la violation de leurs droits et de leurs libertés fondamentales. Notre soutien leur est plein et entier : pour danser dans la rue, pour la peur d'un baiser, pour démoisir les cerveaux, pour les rêves des enfants des rues, pour les sanglots sans répit, pour ce paradis forcé, pour notre élite emprisonnée, pour le soleil après la nuit.

En reprenant les mots du slogan et de la chanson de cette révolution, nous voterons cette résolution, en ayant également à l'esprit les mots de Parandeh, autrice et artiste irano-azérie de 21 ans : « Mon espoir pour l'Iran est simple. Je veux que nous ayons enfin notre mot à dire dans notre gouvernement. Nous avons été une monarchie dès le premier jour et avons fait face aux invasions de multiples empires. L'Occident a trouvé du pétrole sur nos terres, a financé une nouvelle monarchie et a renversé notre Premier ministre élu à l'occasion d'un coup d'État britannique et américain. Nous avons lancé une révolution qui a été détournée et nous sommes maintenant coincés depuis cinquante ans. Il est temps que nous ayons notre mot à dire sur nos moyens d'existence, sans ingérence de puissances étrangères. Nous méritons d'être prospères et indépendants. » Vive la lutte des femmes, de la jeunesse et du peuple iranien ! Le peuple uni ne sera jamais vaincu !

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