Intervention de Laurent Panifous

Séance en hémicycle du mercredi 30 novembre 2022 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Panifous :

C'est un exercice frustrant que de rejouer le même scénario pour la troisième fois en un mois, celui d'une discussion générale qui tourne à vide, avant de tourner court. Nous n'avons jamais vraiment pu entrer dans les détails de ce texte, défendre nos amendements, tenter de vous convaincre. Vous avez décidé arbitrairement des concessions, minimes, pour satisfaire les oppositions. Soyons honnêtes : ce ne sont là que de petites avancées.

Je le disais dès la première lecture de ce texte : ce que nous attendions du premier projet de loi de financement de la sécurité sociale de cette nouvelle législature, c'était un cap, une vision pour les cinq prochaines années. Mais la trajectoire qui se dessine ne laisse pas présager d'une grande ambition pour assurer l'avenir de notre système de protection sociale. Au fond, la principale critique à formuler contre ce projet de loi, c'est sa faiblesse à répondre à des enjeux pourtant essentiels, ce sont les blancs qu'il laisse, là où nous attendons des réponses fortes, aussi bien en matière d'équilibre budgétaire qu'en matière de propositions concrètes pour renforcer les droits sociaux.

Le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires reconnaît toutefois des points positifs. La prévention fait ainsi l'objet de mesures bienvenues, telles que les rendez-vous de prévention, l'accès facilité à la vaccination et au dépistage des IST ou encore la contraception d'urgence. L'encadrement de l'intérim et les contrôles dans les Ehpad sont aussi des dispositions attendues, après le scandale Orpea. Mais elles ne sont que des pansements appliqués sur une hémorragie qui ne faiblit pas, celle des personnels.

Ces points positifs se heurteront à un problème majeur, que vous n'abordez pas, celui de la désaffection pour les métiers du soin et du lien. Je l'ai dit à de nombreuses reprises : quel signal souhaitez-vous réellement envoyer en n'annonçant que 3 000 postes supplémentaires dans les Ehpad l'an prochain, alors que nous comptons 7 500 établissements ! C'est très insuffisant, surtout après les drames que nous avons connus et compte tenu de l'épuisement des personnels, auquel vous n'apportez aucune solution.

Les autres avancées sont nées du travail transpartisan des députés : je pense à l'organisation de consultations par l'ordre des médecins dans les zones sous-doutées et à l'accès direct aux IPA. Bien qu'elles soient satisfaisantes, il faudra aller bien plus loin en ce qui concerne la désertification médicale. Ne nous voilons pas la face : nous ne ferons pas de la quatrième année d'internat en médecine générale une solution à ce problème. Vous avez refusé d'entendre nos alertes sur ce sujet. Il aurait fallu au minimum proposer un statut plus rémunérateur aux internes.

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