Intervention de Joëlle Mélin

Séance en hémicycle du mercredi 30 novembre 2022 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoëlle Mélin :

Et de sept ! C'est ce que nous risquons de dire dans peu de temps : sept 49.3 pour décider du système social des Français pour l'année à venir et, en partie, pour les années suivantes, années ô combien charnières, compte tenu de la situation sociale invraisemblable dans laquelle Emmanuel Macron nous a conduits après plus de dix ans aux manettes de notre pays. Emmanuel Macron, conseiller économique de François Hollande dès juin 2012, puis son ministre des finances pendant près de quatre ans, Emmanuel Macron, lui-même président des Français depuis plus de cinq ans, avait très largement les moyens d'anticiper, d'intervenir et d'agir en profondeur. Il n'a rien fait. C'est pourquoi les Français n'ont jamais eu autant besoin de leur sécurité sociale.

Or la France macronienne croule sous le déficit de nos trois budgets – celui de l'État, celui de la sécurité sociale et celui des collectivités territoriales – pour un total de près de 3 000 milliards d'euros de dettes. Ces dettes ont été creusées par la politique de _« quoi qu'il en coûte », alors que la France n'a été confinée que deux mois il y a deux ans, deux petits mois qui nous ont déstabilisés et ont été révélateurs d'un déséquilibre devenu structurel, comme en témoigne la crise de l'énergie que nous connaissons depuis le début de l'année 2021, et d'une fragilité qui bascule à la moindre nouvelle crise, comme celle de la bronchiolite ou de la grippe.

En matière de sécurité sociale, Emmanuel Macron a consciencieusement continué de fabriquer la pénurie de soignants, de médecins au premier chef. S'il avait plaidé dès 2012 pour la fin du numerus clausus de tous les professionnels de santé, nous ne perdrions pas des heures ici à tordre l'équation du transfert de tâches ou à parler des modalités rocambolesques de l'installation des médecins. Nous aurions tout notre temps pour envisager sereinement les réformes nécessaires de notre système de santé. Surtout, nous n'aurions pas à apprendre qu'un deuxième enfant est mort à l'hôpital Trousseau, la semaine dernière, faute de moyens, comme tous ces patients qui meurent sur des brancards. En ambulatoire, tous les patients souffrant d'une ALD auraient un médecin attitré et nous pourrions sans réticence aller consulter à temps pour bénéficier d'un diagnostic précoce : ce n'est plus le cas. Nous ne ferions pas le constat que plus de 30 % d'étudiants en santé ne pratiquent pas, ou trop peu, leur profession.

Pour cela, il aurait fallu qu'Emmanuel Macron rende ces professions attractives et valorisantes. Il préfère une médecine à bas coût, par laquelle des infirmières, aux compétences certes indéniables dans leur domaine, pourront, au bout de cinq ans d'études, pratiquer à moindres frais un exercice qui n'est autorisé aux généralistes qu'au terme de leur dixième année d'études. Ne demandez pas aux professionnels de santé de régler, sous la contrainte, la quadrature du cercle des déserts médicaux qui résultent du quadruple abandon dont vous êtes seuls responsables : abandon agricole, abandon médical, abandon industriel et abandon des services publics. Avec Marine Le Pen, nous ne cessons d'appeler à la reprise en main de nos territoires.

En matière familiale, si Emmanuel Macron l'avait voulu, l'augmentation régulière des salaires aurait pu être supportée par les employeurs et certaines mères ne seraient pas obligées de travailler pour compléter le salaire trop bas de leur conjoint, elles qui ne peuvent même pas obtenir des allocations familiales à la hauteur de la protection de leurs enfants.

En matière de retraite, ce sont les grands-parents que vous maintenez au travail alors que leur corps n'en peut plus. C'est tout le contraire de l'enjeu du XXI siècle : vivre longtemps en bonne santé. Ce projet de retraite retardée devient un scandale sanitaire et social. Vous n'entendez rien de ce que vous disent les parlementaires, à l'Assemblée comme au Sénat, lequel soutenait pourtant le projet de report de départ à la retraite – Sénat que vous avez humilié en rejetant ses nombreux amendements de bon sens.

Allez-vous balayer une fois de plus d'un revers de main autoritaire et méprisant toutes ces heures de travail parlementaire et couper court à toute discussion ? Dans ce cas, soyez cohérents et représentez-vous directement devant les Français : ils pourront vous dire alors à quel point ils sont fatigués de votre politique.

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