Intervention de Aurélien Taché

Séance en hémicycle du mercredi 30 novembre 2022 à 15h00
Agression de l'azerbaïdjan à l'encontre de l'arménie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurélien Taché :

La présente proposition de résolution fait suite à l'offensive militaire lancée sur le territoire arménien, qui a déjà fait plus de 200 morts. Cette attaque azerbaïdjanaise doit être condamnée avec force. Je tiens à assurer le peuple arménien de l'entier soutien du groupe Écologiste – NUPES. La souveraineté de l'Arménie doit à tout prix être préservée. Cette nouvelle flambée meurtrière survient alors que la Russie, médiatrice traditionnelle, a démontré son incapacité totale à œuvrer pour la stabilité de la région : elle a au contraire largement contribué à son déséquilibre et a favorisé l'opportunité pour le régime d'Aliyev de lancer une nouvelle attaque.

Notre objectif, le seul, doit être la paix. En ce sens, il faut encourager la poursuite des discussions afin d'assurer l'efficacité du cessez-le-feu et de favoriser la construction d'une paix durable dans le Haut-Karabakh. En ce sens, une série de pourparlers entre les dirigeants azerbaïdjanais et arméniens se sont tenus sous l'égide du président du Conseil européen Charles Michel. Les réunions de Prague, auxquelles a participé le président Emmanuel Macron, ont entrouvert la perspective de la paix, avec une ouverture des deux pays pour la reconnaissance mutuelle de leurs territoires.

En parallèle, Vladimir Poutine a récemment opéré une tentative de volte-face en se rendant la semaine dernière à Erevan pour le sommet annuel de l'OTSC. Cette alliance politico-militaire, qui réunit autour de la Russie cinq anciennes républiques socialistes soviétiques – outre l'Arménie –, est censée permettre au président russe de réaffirmer son rôle d'arbitre local. Toutefois, l'ensemble des membres de cette organisation sont critiques envers la tentative d'invasion de l'Ukraine et doutent de la capacité de Moscou à conduire de réelles opérations. La pensée globale est résumée par le président du Kazakhstan, selon qui la Russie est devenue une puissance déstabilisatrice et néfaste pour l'équilibre régional et mondial.

Rappelons-le ici : de très nombreux Russes sont hostiles à la guerre menée en Ukraine par leur dirigeant. C'est notamment le cas d'une grande partie de la communauté russe en Arménie. Alors que Vladimir Poutine maintient à l'heure actuelle encore 2 000 hommes au Karabakh, protégeant notamment le très convoité couloir de Latchine, l'Union européenne a obtenu qu'une mission d'observation se rende dans la zone de conflit. Alors que le président russe a tenté de récupérer son appui dans le Caucase, l'émergence d'un nouveau leadership est nécessaire pour que l'Occident ne laisse pas la Russie transformer cette région du monde en son arrière-cour. La France et l'Europe doivent conserver une influence tant au sein du camp occidental que vis-à-vis de voisins tels que la Turquie.

L'Azerbaïdjan et la Turquie profitent de cette instabilité. Bakou a, dès le début du conflit russo-ukrainien, proposé de compenser la rupture d'approvisionnement en gaz russe en augmentant ses exportations vers l'Union européenne. Celle-ci a cédé en signant un accord allant en ce sens. Cet accord, qui ne fait que transférer notre dépendance aux hydrocarbures d'un pays autoritaire vers un autre, doit être fermement condamné.

Il est désormais nécessaire que les Nations unies jouent pleinement leur rôle diplomatique. Il faut par conséquent dépasser le cadre de Minsk, obsolète, et trouver un consensus au sein de l'ONU pour faire voter une résolution dont les termes permettront aux deux parties de sceller un accord durable. Tout effort que la France entreprendra en ce sens sera à saluer, car il permettra de mettre un terme à ce conflit qui dure depuis bien trop longtemps et qui a coûté bien trop de vies humaines. C'est pourquoi les députés du groupe Écologiste – NUPES voteront la proposition de résolution.

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