Intervention de Jérôme Guedj

Séance en hémicycle du vendredi 2 décembre 2022 à 21h30
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Guedj :

L'idée m'a évidemment été inspirée par la tribune publiée dans Le Monde cette semaine par 10 000 soignants, dont 400 chefs de service, qui s'adressent au Président de la République pour dénoncer le « silence assourdissant » de l'exécutif face au désespoir qu'ils vivent dans les hôpitaux. Ce silence assourdissant – qui rappelle le mutisme assourdissant évoqué par Camus dans La Chute –, j'en ai fait l'expérience le 30 novembre dernier, madame la Première ministre, lorsque vous êtes venue dans cet hémicycle déclencher le 49.3 alors que nous examinions le PLFSS pour 2023 en lecture définitive.

C'est Gabriel Attal qui était alors présent au banc du Gouvernement – les ministres Braun et Combe étaient, je n'en doute pas, sur le terrain. La coïncidence est révélatrice de ce qui caractérise ce PLFSS, dont le centre de gravité est, hélas, à Bercy plutôt qu'avenue de Ségur.

Madame la Première ministre, vous avez affirmé, tout au long de nos débats, que votre méthode consistait à rechercher le compromis. Je parlerais, à ce propos, d'une simulation franche – mon premier oxymore – car, à aucun moment, en réalité, le compromis n'a été recherché.

La première faiblesse de ce PLFSS, et elle justifie le dépôt de notre motion de censure, réside dans l'insuffisance des moyens prévus ; j'y vois une forme de rigueur foutraque. Ainsi, l'Ondam pour 2023 s'élève à 244,1 milliards d'euros, contre 247 milliards pour l'Ondam 2022, après les rectifications que nous avons apportées. Autrement dit, vous proposez pour 2023, et vous l'assumez, un Ondam inférieur à celui – pourtant insuffisant pour répondre aux besoins – qui a été consommé cette année !

Passons en revue les différentes parties du PLFSS ; là encore, certains silences sont assourdissants.

En matière de prévention, vous faites montre d'une nonchalance forcenée pour mettre en œuvre l'engagement pris par le Président de la République le 16 avril dernier, selon lequel, d'ici à la fin de l'année, des purificateurs d'air seraient installés dans les bâtiments publics, les Ehpad, les hôpitaux et les écoles. Nous n'avons pas vu l'effort massif annoncé. Et que dire de la solide léthargie qui caractérise la prise en compte des enjeux liés à la santé environnementale, alors même que la pollution tue 40 000 personnes chaque année ?

Vos décisions sont parfois d'une exceptionnelle banalité ; je pense notamment au cannabis thérapeutique. C'est très bien de prolonger l'expérimentation, mais pourquoi ne pas être allés jusqu'à la généralisation, qu'un si grand nombre de nos concitoyens appellent de leurs vœux ?

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