Intervention de Laurent Marcangeli

Séance en hémicycle du mardi 6 décembre 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la politique de l'immigration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Marcangeli :

« Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais ». Cela fait bien trop longtemps que la mère patrie, la France, fait des promesses à tant d'enfants de ce monde sans pouvoir les tenir. Ce n'est pas faute d'avoir collectivement tenté de trouver le point d'équilibre : rester fidèle à notre tradition d'asile et accueillir les personnes qui fuient des conflits terribles tout en s'assurant que nous sommes capables de les intégrer dignement, de préserver la cohésion sociale et de protéger notre nation. Le temps est venu d'être réaliste et pragmatique. Oui, nous avons besoin de l'immigration, mais celle-ci ne saurait conduire au délitement de nos valeurs. Non, elle ne saurait nous éloigner de l'idée que nous nous faisons de la France, du respect et de la défense de nos valeurs fondamentales, celles qui structurent notre pays, les valeurs de la République.

Malgré plus de vingt lois votées dans l'hémicycle depuis 1986, nous voici une nouvelle fois à débattre de ce sujet qui, pour des raisons idéologiques mais aussi, souvent, intimes, nous anime chacun profondément et qui conduisent malheureusement certains à se murer dans des postures regrettables.

Pour nous aider à en sortir, commençons par nous accorder sur un diagnostic. Notre pays compte aujourd'hui 10,3 % d'immigrés, soit 7 millions de personnes. La dynamique du solde migratoire se confirme, puisque nous accueillons en moyenne 200 000 immigrés supplémentaires chaque année.

Pour l'Europe, la question migratoire est avant tout une question de résilience à long terme. On ne saurait l'aborder sans tenir compte de la conjoncture géopolitique, dont la prévisibilité est extrêmement variable, que l'on pense aux guerres, aux crises économiques et bientôt aux effets du changement climatique. Selon certaines projections, l'Afrique devrait compter 4 milliards d'habitants en 2100, contre 650 millions en Europe. La population africaine sera, en outre, plus jeune que la population européenne. Face à ce vertige démographique, le système actuel, qu'il soit européen ou national, est trop fragile : il doit être adapté pour que demain, la cohésion nationale soit préservée.

Déjà aujourd'hui, l'afflux significatif d'immigrés met notre système d'intégration sous tension. Les services publics assument directement ou indirectement cette charge, tout comme la société française. Nos capacités d'intégration ont atteint leurs limites, tout d'abord en matière de logement. Chaque soir, les services d'hébergement d'urgence sont contraints de refuser de nombreuses personnes faute de places. Dans le domaine de l'éducation, la France demeure au bas des classements du programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), et il n'est même pas la peine d'évoquer la situation de nos hôpitaux alors que dure la crise sanitaire. À cela s'ajoute notre incapacité à exécuter les OQTF dont font l'objet un certain nombre d'étrangers.

Sur le plan économique, force est toutefois de reconnaître que la France peine à se passer de l'immigration, qui a toujours rempli un rôle de compensation là où les besoins n'étaient pas satisfaits par la population locale. Je parle surtout des métiers peu qualifiés et pénibles, pour lesquels, il faut le dire, les employeurs peinent à trouver une main-d'œuvre locale.

Enfin, nous pouvons nous accorder, il me semble, sur le fait que notre droit et nos politiques d'immigration sont devenus illisibles et sources de frustration pour les étrangers, les fonctionnaires, les juges et les Français, qui n'en comprennent ni la logique, ni l'apparente impuissance. Si besoin, un seul chiffre devrait vous en convaincre : il existe 186 titres de séjour en France pour seulement quatre motifs de séjour, hors tourisme.

Face à ces défis, il faut une stratégie migratoire globale pour ne plus subir l'immigration.

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