Intervention de Benjamin Lucas-Lundy

Séance en hémicycle du mardi 6 décembre 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la politique de l'immigration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBenjamin Lucas-Lundy :

« Droits-de-l'hommistes », « bien-pensants » : pour vous, ce sont des injures ; pour nous, ces mots sont une boussole. La fraternité est constitutive de notre contrat social. Si elle trône aux côtés de la liberté et de l'égalité dans le triptyque de la devise républicaine, ce n'est pas pour demeurer simplement gravée en lettres creuses au fronton de nos mairies ; c'est pour guider notre action. Alors oui, nous assumons notre préférence pour l'humanité, valeur première qui ne peut être équidistante d'aucune prétendue fermeté. Oui, la compassion, la bienveillance et l'empathie sont des émotions politiques au même titre que l'aspiration à la justice ou à la dignité.

Vous préparez un nouveau texte. Une centaine d'autres ont déjà été adoptés depuis la Libération et celui-ci n'échappera pas à la règle tragiquement banalisée du durcissement croissant des conditions d'accueil et des restrictions supplémentaires. Puisque ces débats se répètent sans cesse, c'est qu'ils n'ont servi à rien. Nous vous proposons donc de changer de philosophie.

Il convient, tout d'abord, de conjurer la peur et de combattre les mensonges. Le débat sur l'immigration existe dans notre pays depuis cinquante ans, depuis qu'il existe une extrême droite organisée. Il se fonde sur un ressort unique : la peur. Le FN, puis le RN et ses variants, l'entretiennent et l'organisent, parfois avec la complaisance cynique des gouvernants. Leur message peut se résumer à cette formule : « Ayez peur et laissez-nous faire le reste ». Ainsi ont toujours fonctionné les fascismes. La peur est l'ennemie intime de la démocratie, parce qu'elle préfigure l'obéissance aveugle, le repli sur soi et la violence.

Pour surmonter les peurs, il ne faut pas les nier ou les esquiver, mais les ramener lucidement à ce qu'elles sont. Si certains de nos compatriotes voient dans l'immigration la cause des malheurs du pays et de leur propre sort, c'est parce qu'on leur désigne un bouc émissaire facile.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion