Intervention de Fabien Di Filippo

Séance en hémicycle du jeudi 8 décembre 2022 à 9h00
Convention sur la manipulation de compétitions sportives — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Di Filippo :

Nous sommes réunis pour examiner la ratification de la convention relative à la manipulation des compétitions sportives.

Nous avons tous dû vivre dans notre enfance des événements sportifs qui ne se sont pas déroulés comme prévu et qui nous ont déçus. Moi qui étais fan de cyclisme, je garde des souvenirs amers de certains Tours de France car, plusieurs mois après l'arrivée, on apprenait que le vainqueur avait triché.

À notre époque, avec le développement exponentiel des paris sportifs qui drainent des sommes considérables, nous sommes de plus en plus exposés à ce type de déceptions. Novak Djokovic en témoigne quand il déclare avoir été approché dès 2007, alors qu'il n'était pas la star mondiale du tennis qu'il est devenu : lors du tournoi de Saint-Pétersbourg, on lui avait proposé 180 000 euros pour « balancer » un match. D'autres joueurs de tennis nous disent qu'ils pourraient être multimillionnaires s'ils acceptaient ce genre de propositions.

Depuis quelques années, nous découvrons la culture anglo-saxonne des paris sportifs, qui n'était pas très présente dans notre pays jusqu'au tournant des années 2010 et la libéralisation des jeux d'argent, notamment des paris sportifs. Comme l'ont souligné les précédents orateurs, le nombre des parieurs et le montant des mises explosent. Nous pouvons encore le constater à la faveur de la Coupe du monde de football : stimulés par les offensives marketing des opérateurs, les paris atteignent des sommes faramineuses.

Si les grandes compétitions démontrent la nécessité de réguler ce secteur, nous devons être encore plus attentifs aux petits événements. L'offre de paris sportifs augmente de manière exponentielle et, à l'ère d'internet et des applications, elle est disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept et 365 jours par an. Elle porte sur de grandes compétitions comme la Coupe du monde de football, mais aussi sur d'obscurs matchs de divisions inférieures dans des pays de l'autre bout de la planète, qui sont beaucoup plus exposés à ces manipulations.

Le risque de manipulation s'accroît, y compris en France, quand on peut parier sur des compétitions de divisions inférieures, impliquant des sportifs amateurs, voire des mineurs. Cette convention a le mérite de s'attaquer au phénomène, même si elle n'est pas la panacée.

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