Intervention de Emeline K/Bidi

Séance en hémicycle du jeudi 15 décembre 2022 à 9h00
Accélération de la production d'énergies renouvelables — Article 17

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmeline K/Bidi :

L'article 17 a pour objet de poursuivre la libéralisation accrue du marché en dérégulant l'accès aux contrats de vente directe. Nous sommes convaincus que ces contrats entraîneront une rupture d'égalité dans l'accès à l'énergie, au seul bénéfice des acteurs privés. Il s'agit en effet de contrats de vente directe d'électricité entre un producteur d'électricité – en général, une entreprise – qui construit et exploite une installation, et un consommateur, durant une durée déterminée – généralement de 5 à 20 ans. Un tel système de vente de gré à gré est de nature à remettre en cause l'égal accès à l'énergie, puisque chaque contractant aura un prix et un droit d'accès différencié au marché.

Avec ce type de contrat, les inégalités vont exploser. Leurs coûts de réalisation élevés – autrement dit, les barrières à l'entrée – risquent fort d'exclure des clients particuliers et des PME, qui resteraient soumis à la volatilité des prix du marché que l'État se refuse toujours d'encadrer. De l'autre côté, de grandes entreprises se protégeraient de la volatilité des prix en négociant des contrats de gré à gré avec des fournisseurs. De plus, ces contrats consacrent également le fait que l'énergie est une marchandise : ils ne sont rien d'autre que des outils pour faire face à la spéculation du marché sur les prix. Or nous refusons l'idée que la production d'énergies renouvelables relève de la seule logique de marché et que l'électricité reste pour le Gouvernement un bien commercial.

En outre, la montée en puissance et le développement de ces contrats vont conduire à une atomisation du financement et de l'approche de la production. Pour une entreprise productrice – en général, un porteur de projet d'énergies renouvelables, éolien ou photovoltaïque le plus souvent –, la contrepartie d'un contrat de gré à gré est la sécurisation de sa rémunération. Ces contrats favorisent ainsi une approche par unité de production et le développement de certaines d'entre elles – un parc éolien, par exemple. Cette approche se fait au détriment du financement des besoins de stockage et du réseau collectif, contrairement à un contrat standard auprès d'un fournisseur : dans le cadre d'un contrat de vente directe, on n'est pas facturé pour l'entretien du réseau et le stockage. Le système électrique est par nature collaboratif : son découpage en tranches conduirait à des inégalités et risquerait de priver de financement l'ensemble des briques du système – réseau, transport, entretien du réseau. Pour toutes ces raisons, nous sollicitons la suppression de l'article 17.

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