Intervention de Boris Vallaud

Séance en hémicycle du samedi 17 décembre 2022 à 15h30
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoris Vallaud :

Le Gouvernement paraît ignorer ceci : l'Assemblée nationale n'est pas recroquevillée sur elle-même ; elle est à l'écoute permanente du pays. Députés de tous les groupes – je crois pouvoir parler au nom de l'ensemble de mes collègues, qu'importent les bancs sur lesquels ils siègent –, nous préparons avec minutie l'examen des textes, en particulier budgétaires, au terme de très nombreuses auditions ; nous recevons des organisations professionnelles, des syndicats, des associations universitaires par dizaines, même par centaines. Nous entendons les interpellations multiples qui surgissent des profondeurs du pays, les inquiétudes et les questions auxquelles nous nous attelons à répondre – tant bien que mal, il est vrai.

Les arguments et les amendements que nous livrons à la délibération démocratique sont non pas le fruit de nos caprices ou de nos humeurs, ne vous en déplaise, mais bien la traduction concrète du travail de représentation qui est le nôtre. Être élu ne suffit pas à faire de nous des représentants du peuple. C'est par l'écoute et le dialogue quotidien que nous entretenons personnellement avec nos concitoyens et les habitants de nos circonscriptions, mais aussi avec tous les collectifs et les corps intermédiaires, que nous donnons à nos mandats leur caractère représentatif. Nous sommes, par notre façon même de légiférer, les garants de cette démocratie continue que vous obstruez aujourd'hui.

C'est après cette écoute et ces innombrables dialogues que vient le moment, ici, de la délibération du peuple assemblé, celui-là même qui, depuis toujours, a eu comme première prérogative le consentement à l'impôt. Or qu'en avons-nous fait ces dernières semaines ?

Le premier budget de la nation, celui de l'éducation nationale, concerne chaque famille, chaque enfant de France, et plus d'un million de professionnels – enseignants et autres personnels – qui œuvrent chaque jour à construire l'avenir de notre patrie. Or, cette année, pas un mot – pas un – n'aura résonné à son sujet dans notre hémicycle. Peu importe ce que nous auront dit les enseignants que nous avons écoutés, les parents d'élèves que nous avons reçus et les organisations d'élèves qui nous ont interpellés ! Peu importent les demandes d'éclaircissement, les propositions, les controverses qui parcourent notre société ! Pas une de ces paroles, pas une de ces attentes n'aura trouvé d'écho dans cet hémicycle, rendu muet par votre brutalité.

Je prendrai un autre exemple tout aussi saisissant, celui du logement. Le logement est au cœur de la vie quotidienne des Français, des enjeux de pouvoir d'achat, de la qualité de vie, de la transition écologique, de l'aménagement du territoire, de la mixité sociale. Alors qu'il est consubstantiel de l'insertion économique et sociale, de la fondation même d'une famille, il n'aura jamais été évoqué lors de nos débats.

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