Intervention de Isabelle Santiago

Séance en hémicycle du mardi 10 janvier 2023 à 21h30
État de l'école de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Santiago :

Un récent rapport de la Défenseure des droits soulignait par exemple que les parents d'enfants en situation de handicap étaient parfois contraints de déscolariser leurs enfants. En tant qu'élue locale et députée, je sais combien il est difficile pour les familles concernées de faire scolariser leurs enfants dans les meilleures conditions. Même pour ceux qui sont accueillis, la vie à l'école est semée d'embûches. Les AESH sont essentielles à ces enfants mais elles sont peu intégrées aux équipes pédagogiques et ne sont pas suffisamment formées. Nous le disons depuis longtemps. Il est temps – en tout cas, j'en suis convaincue – que le secteur médico-social devienne un moteur de la formation des AESH et un partenaire de projet avec l'éducation nationale, pour aider les professionnels.

L'école demeure également inefficace dans la prise en charge des enfants en situation de précarité ou touchés par des situations spécifiques que je connais bien comme le psychotrauma. On dénombre 400 000 enfants vivant dans des foyers où les violences conjugales sont légion. Il y a dans chaque classe, en moyenne, un ou deux enfants victimes d'inceste. S'y ajoutent 300 000 enfants accueillis par la protection de l'enfance, qui ont besoin d'une attention spécifique. Nous connaissons les difficultés et les statistiques. Un jeune sortant de l'aide sociale à l'enfance (ASE) devient souvent un SDF. Face à toutes ces fragilités, il y a à peine un psychologue scolaire pour 2 000 élèves. Comment voulez-vous qu'un enfant souffrant de psychotrauma soit repéré ? Comment voulez-vous qu'il puisse vivre sereinement sa scolarité et qu'il soit disponible pour les acquisitions et les savoirs quand, le matin, il a vu sa mère battue ou envoyée à l'hôpital ? D'autres systèmes scolaires dans le monde ont fait leurs preuves, comme j'ai pu le constater par moi-même : c'est le cas au Québec, aux Pays-Bas et en Scandinavie. La psycho-éducation est un sujet très intéressant que nous devons creuser.

Nous le savons : pour que l'enfant réussisse à l'école, son environnement doit être pris en compte. La France néglige cette question majeure et s'étonne de l'échec scolaire. Je l'ai clamé durant suffisamment d'années pour souligner les échecs auxquels j'ai assisté. Nelson Mandela disait : « Nos enfants sont la base sur laquelle nous construirons notre avenir, ils sont le bien le plus cher de la nation. » Je compte sur un plan global pour l'enfance, tenant compte de l'intégralité de la question de l'enfant dans son environnement familial.

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