Intervention de Marie-Charlotte Garin

Séance en hémicycle du jeudi 12 janvier 2023 à 15h00
Droit de visite des parlementaires dans les établissements sociaux et médico-sociaux — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Charlotte Garin :

J'interviens au nom de mon collègue Sébastien Peytavie. Cette proposition de loi envisage d'étendre le droit de visite des parlementaires aux établissements sociaux et médico-sociaux. Elle prétend répondre aux défaillances et maltraitances gravissimes qui ont encore lieu dans certains établissements – Ehpad ou structures de l'aide sociale à l'enfance. Dans certains établissements, des personnes âgées ont été gravement maltraitées et leurs soins rationnés, dans une pure logique de profit. Dans certains établissements, des enfants placés sont morts alors qu'ils dormaient dans des hôtels miteux, sans supervision adulte.

L'abandon des enfants placés par le Gouvernement est un scandale d'État et je rappelle qu'un quart des personnes sans domicile fixe sont d'anciens enfants placés. Le constat est simple : l'État a totalement délaissé notre système de soins et l'action sociale en faveur des personnes les plus vulnérables alors que nous devrions les protéger coûte que coûte, qu'elles soient mineures, en situation de handicap, dépendantes ou parce qu'elles ont fui leur pays. Si de telles horreurs ont lieu, c'est en raison du déficit scandaleux de contrôle de ces structures et parce que l'action sociale manque cruellement de moyens. Les rapports alarmants de l'Inspection générale des affaires sociales et les alertes des associations s'accumulent depuis bien trop longtemps…

Les abus, la maltraitance, les défaillances, nous les connaissons. Et les solutions, nous les connaissons aussi. Ce sont bien les pouvoirs publics qui choisissent de regarder ailleurs, à moins qu'un coup de projecteur ne mette en lumière des aberrations déjà connues.

Certes, il s'agit de lieux où l'action publique s'exerce et il convient de les contrôler avec fermeté, mais ce sont aussi des domiciles où, en tant que parlementaires, nous ne pouvons faire irruption à des fins de contrôle. Seule la privation de liberté fonde le droit de visite parlementaire des lieux pénitentiaires ; c'est parce qu'il y a privation de liberté que nous devons contrôler le respect des droits des personnes détenues.

Les établissements sociaux et médico-sociaux ne sont pas des lieux de privation de liberté. Ce sont avant tout des lieux de soins, des lieux de vie et des domiciles – certes différents des autres, mais des domiciles malgré tout. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on parle d'abord de maisons de retraite, avant de parler d'Ehpad.

Le groupe écologiste rappelle que, non, tous les moyens ne sont pas bons pour s'attaquer à ces défaillances. Le Rassemblement national motive à deux reprises le dépôt de sa proposition de loi par la préservation de la dignité humaine, mais de quelle dignité parle-t-il lorsqu'il réclame le droit de s'introduire dans l'intimité de personnes vulnérables ?

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