Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du lundi 16 janvier 2023 à 16h00
Aide universelle d'urgence pour les victimes de violences conjugales — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Il s'agit d'un amendement d'appel – même s'il est rédactionnel. Il porte sur une question que j'ai évoquée lors de la discussion générale. Il ne s'agit évidemment pas de nier l'évidence : les violences conjugales font plus de victimes chez les femmes que chez les hommes. Néanmoins, certaines des victimes sont des hommes. Une étude du ministère de l'intérieur portant sur les morts violentes au sein du couple, pour l'année 2020, rappelle que si 82 % des victimes sont des femmes, il n'en demeure pas moins que vingt-trois hommes ont été tués par leur conjointe. Ce chiffre représente bien sûr une part minoritaire des morts violentes mais celle-ci s'élève tout de même à près d'un cinquième.

Depuis quelques années, de nombreux hommes témoignent des violences subies, qu'elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles. Selon une étude de l'Insee de 2019, on compte pas moins de 82 000 victimes masculines par an en moyenne entre 2011 et 2018.

Comme dans le cas des femmes victimes de violences, ces chiffres ne donnent qu'une image imparfaite de la réalité. En effet, on estime que seuls 3 % des hommes portent plainte. La plupart d'entre eux se retiennent en raison d'un sentiment de honte que l'on peut bien sûr comprendre. Certains sont poussés au suicide, raison pour laquelle ils ne sont pas forcément comptabilisés parmi les victimes de violences conjugales.

Par cet amendement d'appel, j'exprime le souhait que les dispositifs prévus prennent également en considération les hommes et que la parole de ces derniers soit entendue.

Vous allez me répondre que la situation des hommes est déjà prise en compte. Néanmoins on parle souvent du conjoint violent. Même si j'imagine que l'on se réfère au mot « conjoint » au sens large, homme ou femme, il me semblait intéressant de le préciser dans la rédaction du texte. En indiquant que l'infraction peut être « commise par le conjoint ou la conjointe de la victime, son concubin ou sa concubine, son ou sa partenaire », on montrerait que personne ne subit d'ostracisme et que les hommes, comme les femmes, peuvent être des victimes.

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