Intervention de Matthias Tavel

Séance en hémicycle du lundi 6 février 2023 à 21h30
Projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 — Article liminaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMatthias Tavel :

Oui, vous voulez voler deux ans de vie aux Français. Vous voulez faire des deux meilleures années de retraite les deux pires années de travail, en maintenant en activité celles et ceux qui n'en peuvent déjà plus. Vous voulez imposer deux ans de plus à la grande majorité des Français. Pour les femmes, travailler jusqu'à 64 ans sera une double, une triple, un quadruple peine, elles qui subissent souvent un temps partiel contraint, mal payé, sous-payé.

Votre réforme est non seulement profondément injuste mais aussi illégitime puisqu'à peine 28 % des Français ont voté pour l'un des trois candidats à l'élection présidentielle ayant inscrit à son programme le report de l'âge légal : M. Macron, Mme Pécresse et, honte à vous, M. Zemmour dont vous reprenez aujourd'hui l'une des propositions.

Cette réforme est en outre mensongère, malhonnête et insincère, comme nous le voyons avec cet article liminaire. Il s'appuie sur une loi de programmation des finances publiques qui n'existe pas puisque le texte a été rejeté ici même. Vous êtes des hypocrites : vous prétendez défendre la répartition alors qu'il y a trois ans, vous vouliez la faire passer par-dessus bord ; vous prétendez défendre la pénibilité alors qu'il y a cinq ans à peine vous avez supprimé l'essentiel des critères qui la définissaient. Vous élaborez vos prévisions de déficit à partir d'un gigantesque plan d'austérité dans la fonction publique, reposant sur un gel pendant cinq ans du point d'indice et des suppressions de postes, mais comme vous n'osez pas l'assumer, notre assemblée ne dispose pas de tous les éléments nécessaires pour être éclairée.

Bref, votre réforme est profondément injuste et injustifiée. La seule chose qui la motive est votre volonté de faire un nouveau cadeau aux plus riches et aux actionnaires, de financer les baisses d'impôt pour les grandes entreprises que vous avez fait passer grâce au 49.3 à l'automne dernier, et d'obéir à la huitième injonction de la Commission européenne.

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