Intervention de Guillaume Vuilletet

Séance en hémicycle du jeudi 9 février 2023 à 9h00
Cout de la vie en outre-mer — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Vuilletet :

Non, il ne faut pas retirer la réforme, il faut l'améliorer. C'est d'ailleurs pour cela qu'avec ma collègue Estelle Youssouffa, ici présente, nous avons déposé un amendement visant à accélérer les rattrapages en matière de retraite, en particulier à Mayotte. Mais, d'abord, il y a un travail à réaliser pour comprendre comment ces prix se sont formés et comment nous en sommes arrivés à de tels dérapages. Cette commission d'enquête est donc tout à fait légitime et nous la soutiendrons.

Cependant, malgré notre volonté commune d'expliquer ces difficultés, certains des considérants de votre démarche appellent quelques commentaires. Monsieur le rapporteur, vous avez tenu en commission des propos très mesurés. Vous faisiez le constat que les défaillances de politique publique ne dataient pas de ce gouvernement. Vous m'autoriserez néanmoins à soutenir son action : par exemple, à l'époque où Ericka Bareigts, pour laquelle j'ai beaucoup de respect, était chargée des outre-mer au sein du Gouvernement, elle se réjouissait d'avoir obtenu un budget de 2 milliards d'euros pour la mission "Outre-mer" ; nous sommes aujourd'hui à près de 2,8 milliards, ce qui représente une progression considérable. Par ailleurs, 21 milliards de crédits transversaux sont consacrés à ces territoires. Cela signifie non pas que tout va bien, ni que nous avons fourni un effort suffisant, mais qu'une politique de rattrapage est menée. Notre collègue Califer a indiqué que des outils politiques existent aujourd'hui pour lutter contre la vie chère ; le bouclier qualité prix existait auparavant, même si nous l'avons renforcé.

La politique à mener est complexe et doit, à mon avis, faire l'objet d'un consensus plus fort. Nous nous sommes déjà engagés dans une démarche contre la vie chère. Nous avons constitué des commissions d'enquête en matière de lutte contre les sargasses ou le chlordécone, sur le soutien à la Guyane, sur la reconstitution d'une offre en eau en Guadeloupe, où elle était bien défaillante. Évitons les caricatures et la stigmatisation de tel ou tel, et travaillons ensemble.

Oui, il est absolument nécessaire de reconstituer le mécanisme de formation des prix, de comprendre le poids de l'histoire sur une économie qui fut, en effet, une économie coloniale et qui n'a pas achevé sa transformation, de déterminer le poids des monopoles et des abus de position dominante dans la formation du prix et celui des difficultés induites par la fiscalité. Je le pense d'autant plus qu'il faut inclure, parmi les effets de ces prix élevés, une partie de l'économie ultramarine : je pense à l'économie informelle, laquelle devrait, à mon avis, faire l'objet d'une partie de notre travail.

Le propre d'une commission d'enquête est de rendre un travail exigeant, avec des personnes qui déposent sous serment. C'est aussi l'exigence, pour nous-mêmes, de ne pas tirer de conclusions avant d'avoir commencé nos travaux. Nous avons tous le souhait d'aboutir à des propositions efficaces pour améliorer la situation des territoires ultramarins.

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