Intervention de Maud Petit

Séance en hémicycle du jeudi 9 février 2023 à 9h00
Cout de la vie en outre-mer — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaud Petit :

Dans un rapport remis à la délégation aux outre-mer en 2019, nos collègues Lénaïck Adam et Claire Guion-Firmin rappelaient l'importance de cette catégorie de dépenses pour les ménages : les dépenses alimentaires représentent 16 % à 17 % des dépenses de consommation, et jusqu'à 24 % à Mayotte. C'est énorme quand il s'agit de se nourrir ! Les exemples étant plus parlants que les longs discours, en voici quelques-uns. Un paquet de café soluble de 200 grammes est deux fois plus cher en Martinique qu'en métropole – 10,62 euros au Lamentin, contre 4,24 euros au Havre. Un paquet de quatre yaourts coûte 1,37 euro à Paris, contre 2,95 euros en Guadeloupe. De même, un kilo de pommes de terre coûte actuellement plus de 4 euros en Polynésie française, contre 1,80 euro dans l'Hexagone. Enfin, comptez plus de 5,4 euros pour un kilo de bananes en Nouvelle-Calédonie, contre 2 euros en moyenne en métropole.

La vie chère en outre-mer est tellement flagrante que la Cour des comptes a dénoncé, en 2017, le traitement inéquitable des départements d'outre-mer du point de vue de la péréquation nationale. Ce traitement défavorable a également été reconnu par le Président de la République en 2019. L'inflation que nous subissons sur le continent aggrave cette situation déjà difficilement supportable pour nos concitoyens ultramarins.

Alors, des rapports ont été rédigés, des élus et des parlementaires ont lancé l'alerte, et j'ai moi-même déploré le coût de la vie en outre-mer, source de discriminations, dans un rapport d'information rédigé en 2019 avec mes collègues Josette Manin et Cécile Rilhac. Ces appels ont parfois été entendus, des mesures ont souvent été prises et notre majorité a pleinement pris la mesure du problème dans le cadre des Assises des outre-mer en 2017 et 2018, qui ont donné lieu à la rédaction du Livre bleu des outre-mer.

Aujourd'hui, cependant, il reste encore beaucoup à faire. C'est pourquoi le groupe Démocrate (MODEM et indépendants) soutient pleinement la création de la commission d'enquête sur le coût de la vie dans les départements et régions d'outre-mer, qui aura pour vocation d'analyser les raisons, multiples, des prix exorbitants dans les collectivités ultramarines et qui devra, c'est impératif, proposer des solutions pérennes pour enrayer une situation qui n'a que trop duré.

Fortement attaché aux territoires, le groupe Dem souhaite toutefois que les collectivités d'outre-mer fassent partie intégrante du dispositif – ce qui n'est actuellement pas le cas –, et c'est pourquoi je suis heureuse qu'après plusieurs échanges avec vous, monsieur le rapporteur, nous ayons pu vous convaincre du bien-fondé de notre démarche : les collectivités régies par l'article 73 et celles régies par l'article 74 de la Constitution souffrent en effet du même mal.

Chaque terre d'outre-mer possède son propre – et riche – caractère, ses spécificités. Une fois les causes établies, nous serons donc à vos côtés pour que les solutions à apporter soient adaptées à chacune d'entre elles. Mes chers collègues, je vous le dis – mais je crois que vous en avez déjà conscience : notre union est nécessaire et indispensable sur ce sujet. Loin des jeux politiques, notre exemplarité et notre rigueur, en tant qu'élus de la République, sont indispensables. Nos concitoyens de l'archipel France attendent des résultats concrets, palpables, sur ce sujet clivant et récurrent, et notre devoir est d'y réussir enfin.

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