Intervention de Marie-Charlotte Garin

Réunion du mercredi 1er février 2023 à 16h35
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Charlotte Garin :

La pension moyenne de retraite en France s'élève à 1 145 euros par mois pour les femmes, contre 1 924 euros pour les hommes tandis que le taux de pauvreté des femmes retraitées, 10,4 %, est sensiblement plus élevé que celui des hommes. L'écart a tendance à se creuser depuis 2012. Enfin, les femmes partent un peu plus tard à la retraite que les hommes.

Ainsi, les inégalités de retraite reflètent les inégalités entre les femmes et les hommes tout au long de leur vie et constituent même parfois un miroir grossissant. J'entends vos intentions en matière d'égalité, mais nous avons besoin de moyens et de mesures concrètes. Vous évoquez le « chantier » de l'égalité femmes-hommes : je fais partie de celles qui en ont assez de regarder les échafaudages et qui espèrent voir l'inauguration de leur vivant.

Que proposez-vous pour remédier aux inégalités professionnelles ? En effet, la loi de 2006 n'est toujours pas appliquée et les entreprises qui ne la respectent pas ne sont pas sanctionnées. La France est 25e sur les 38 pays de l'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE) concernant le taux d'emploi des femmes et pourtant, s'il était relevé au niveau de celui des hommes, les cotisations pour nos retraites augmenteraient de 10 milliards d'euros. Il n'existe rien contre l'abus de temps partiel de certaines entreprises ou pour les inégalités de salaire, alors qu'un salaire égal pour travail égal entre les femmes et les hommes entraînerait une hausse des cotisations de 12 %.

Qui plus est, votre réforme va creuser les inégalités dans un système qui est déjà défavorable aux femmes, puisque le décalage de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l'allongement de la durée des cotisations vont toucher tout le monde, en particulier les personnes dont la carrière a été courte ou hachée.

Je me fais l'écho des associations féministes qui ont le sentiment que vous instrumentalisez les droits des femmes pour justifier une réforme d'austérité budgétaire. Vous ne pouvez pas vous entêter à présenter cette réforme comme bénéfique pour les femmes, car elle a un impact désastreux sur les femmes, mais également sur la vie démocratique de notre pays et sur la confiance des citoyens envers leurs élus et leur parole politique.

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