Intervention de Estelle Youssouffa

Séance en hémicycle du mercredi 1er mars 2023 à 15h00
Femmes et retraite

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEstelle Youssouffa :

Certaines de ces femmes puissantes sont toujours parmi nous, mais elles vivent souvent dans le plus grand dénuement : les retraites à Mayotte atteignent péniblement 286 euros en moyenne. Nos aînées réclament de pouvoir vieillir dignement.

Je vous raconte cette histoire pour que l'on se souvienne de ce que notre pays doit aux femmes et que nous les traitions enfin à égalité, dans le travail et dans les retraites. Notre pays connaît une période politique historique, avec une féminisation inégalée des postes clefs : pour la première fois, notre pays compte une Première ministre, une présidente de l'Assemblée nationale épaulée de cinq vice-présidentes, quatre femmes à la tête des principaux groupes politiques de notre assemblée, qui n'atteint pourtant pas la parité, avec seulement 37,3 % de députées.

Ici, nous sommes les égales de nos homologues masculins et payées comme telles – même indemnité et même retraite. La plupart de nos électrices n'ont pas cette chance. Tous temps de travail confondus, les Françaises touchent 28,5 % de moins que les hommes. Les emplois féminisés sont moins considérés et moins bien payés. À travail égal, s'il y a un sexe faible, c'est surtout parce qu'il est plus faiblement payé.

Si l'égalité homme-femme est toujours grande cause nationale, force est de constater que le Gouvernement a discriminé nos concitoyennes dans cette réforme des retraites. Force est de constater qu'il a perpétué l'injustice économique qui frappe les Françaises en alimentant les inégalités dans le grand âge. À titre d'exemple, la majoration de durée d'assurance pour enfants est variable : dans le privé, elle est de huit trimestres par enfant quand, dans le public, elle est seulement de deux trimestres. Il en est de même pour la majoration de pension : dans le privé, elle est de 10 % à partir de trois enfants tandis que, dans le public, la majoration passe à 5 % à partir du troisième. On s'y perd ! Quant aux pensions de réversion, on compte plus de onze régimes différents. C'est pourtant un outil important pour réduire les inégalités de pensions entre les hommes et les femmes, car les pensions de réversion réduisent l'écart de 40 à 28 % !

Le groupe LIOT a proposé de relever à 30 000 euros le plafond de ressources des bénéficiaires des pensions de réversion – contre 23 000 actuellement. Nous proposons aussi d'ouvrir les droits pour enfants dès le deuxième, pour tenir compte de la baisse du nombre d'enfants par femme.

La question n'est pas d'inciter les Françaises à avoir des enfants, pour en faire des variables d'ajustement budgétaire de notre système de retraite par répartition. Non ! La maternité doit rester un choix libre de toute pénalisation professionnelle et financière. Il s'agit de garantir de bonnes conditions d'emploi et de conciliation avec la vie professionnelle pour celles qui souhaitent fonder une famille, et d'améliorer leurs droits au moment de leur retraite.

La justice sociale passe par l'égalité des sexes et l'émancipation économique des femmes : la réforme des retraites doit revoir sa copie pour que nos concitoyennes, nos électrices, ne soient pas que des bonnes poires et que notre système soit à la hauteur de Marianne, symbole de notre République.

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