Intervention de Philippe Vigier

Séance en hémicycle du mercredi 1er mars 2023 à 21h30
Politique du médicament et pénuries

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vigier :

Une commission d'enquête parlementaire est conduite, de façon bipartisane, par une sénatrice communiste et une sénatrice centriste que je connais bien, Sonia de La Provôté, elle-même médecin. Elles rendront leurs travaux en juin.

Notre collègue du groupe Les Républicains plaide pour une commission d'enquête parlementaire. Nous devons élaborer une stratégie partagée ; il me semble que sur un tel sujet, nous pourrions nous retrouver. Christine Pires Beaune a proposé quelques pistes. Je suis prêt à en emprunter certaines assez rapidement. Ainsi, elle a raison d'évoquer les méga-appels d'offres qui écartent naturellement un certain nombre de laboratoires, conduisant à une hyperconcentration et une mécanique d'élaboration des prix plus opaque que transparente.

S'agissant de la planification des commandes, lors du covid, nous sommes partis les derniers pour les vaccins, mais nous sommes arrivés les premiers. Reconnaissons que l'Union européenne, souvent critiquée par certains, a montré une véritable capacité d'action.

Monsieur le ministre, il faudrait mettre en œuvre trois actions – un tripode –, dans le cadre d'une convention d'objectifs et de moyens. Le Président de la République plaidait pour des moyens dans le cadre de la stratégie Innovation santé 2030. C'est une exigence et c'est indispensable. La souveraineté n'est pas un gros mot et si nous devons atteindre la souveraineté alimentaire, il faut aussi organiser notre souveraineté en matière de santé.

La production doit aussi être revue de A à Z : sourcing, maîtrise des principes actifs et des chaînes de fabrication, sans oublier que les usines sont classées Seveso. Chacun devra en prendre conscience et renoncer à préférer une implantation chez le voisin. Dans ma région, suite à une virulente levée de boucliers, on a refusé l'implantation d'une usine au motif qu'elle était classée Seveso. Ces unités de production, nous devons être capables d'en discuter ensemble, avec une véritable stratégie.

Ensuite, les modalités de calcul des prix des médicaments sont un peu anciennes. N'oublions pas l'innovation, quelquefois pénalisée – je parle sous le contrôle de la rapporteure générale de la commission des affaires sociales – même si nous l'avons en partie préservée, notamment grâce au CIR. Le prix d'un médicament est fonction de sa durée de vie. Quand il devient générique, il doit continuer à être rentable pour le laboratoire sans pour autant dispenser ce dernier de toujours mieux maîtriser ses coûts de fabrication.

Enfin, il faut agir sur la chaîne de diffusion, par le biais des grossistes-répartiteurs, des laboratoires et des médecins prescripteurs. Il faut maîtriser ces trois axes, grâce à un plan d'urgence. Je sais que c'est votre intention, monsieur le ministre. Je remercie à nouveau nos collègues socialistes d'avoir pris l'initiative de ce débat. Il ne faut pas en reparler dans deux ou cinq ans, mais le suivre dès à présent afin que nos concitoyens puissent se soigner avec des médicaments.

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