Intervention de Agnès Pannier-Runacher

Séance en hémicycle du mardi 14 mars 2023 à 21h30
Accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires et fonctionnement des installations existantes — Article 1er f

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique :

L'avis sera défavorable mais j'en profite pour remettre les choses en perspective suite aux diverses questions posées. Cet article provient d'un amendement du président Marleix adopté par votre commission. Le projet de loi prévoit en effet des procédures accélérées pour la construction de nouvelles installations nucléaires dans les vingt ans qui viennent, mais il peut y avoir durant une aussi longue période beaucoup de changements en matière de technologie et il paraît judicieux au Gouvernement d'éclairer la représentation nationale sur l'ensemble des technologies disponibles ainsi que sur leur maturité, et sur les choix possibles à ce jour. Nous faisons donc droit à cette demande qui permettra d'aider les parlementaires dans leur décision.

J'ajoute que le projet de loi porte sur les réacteurs électrogènes sans préciser s'il s'agira d'EPR2 ou d'une autre technologie parce que nous sommes aussi animés par le doute et que nous cherchons à trouver le meilleur choix énergétique pour les Français. Notre travail se base donc sur la science.

L'EPR2 est travaillé depuis 2015 sur la base des retours d'expérience de Flamanville, des réacteurs construits à Taishan et de ceux en construction en Finlande et en Grande-Bretagne à Hinkley Point – je rappelle au passage que le gouvernement britannique soutient le programme et qu'il approuve aussi l'installation de la centrale de Sizewell C, ce qui laisse à penser que l'engouement pour le nucléaire que vous nous prêtez n'est pas si peu partagé au plan international, y compris s'agissant de l'EPR2. Il a fait l'objet d'un audit en 2019, rendu public, et qui explique très bien pourquoi l'EPR2 est une avancée par rapport aux prototypes que je viens d'évoquer en constatant une amélioration globale par rapport aux projets précédents des modalités de mise en œuvre des exigences de sûreté. L'audit met également en évidence l'effort important d'intégration du retour d'expérience des projets EPR et le fait qu'on prenne en compte des facteurs clefs de succès précisément pour la réussite de l'EPR 2.

Je tiens encore à saluer le travail accompli dans les équipes d'EDF pour partir de l'expérience afin de construire un réacteur robuste et qui va faire l'objet d'une revue de programme complet d'ici à la fin de l'été parce que nous ne traitons pas ce sujet par-dessus la jambe et que nous travaillons sérieusement. Je précise que tous ces éléments seront évidemment rassemblés pour obtenir le projet le plus robuste et le plus industrialisable possible. Le fait que six réacteurs soient prévus montre qu'on ne part pas dans une aventure sans savoir où l'on va, mais au contraire pour tirer un des enseignements du retour d'expérience. Je me permets de vous demander de lire l'audit.

Prenez le temps de lire ce qui existe sur le sujet, énormément d'écrits ont déjà été publiés sur l'EPR 2 – 200 pages ont été publiées en février 2022, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) lui ont consacré plus de 80 pages. Tous les éléments que j'évoque sont étayés. Pour réussir et disposer d'un programme industrialisable, ce qui suppose d'atteindre une taille critique, l'enjeu est de construire plusieurs réacteurs et pas seulement des prototypes uniques que l'on doit adapter au fur et à mesure.

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