Intervention de Nicolas Meizonnet

Réunion du jeudi 16 mars 2023 à 14h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Meizonnet :

Permettez-moi de revenir sur le fameux seuil de 50 % et votre volonté de développer considérablement les énergies renouvelables, dans le cadre de projets ambitieux – je n'emploie pas forcément ce terme dans un sens positif. Vous souhaitiez donc passer la barre des 50 % d'énergies renouvelables, autrement dit ramener la part du nucléaire dans notre production d'électricité à moins de 50 %. Quand on évoque les énergies renouvelables, on parle essentiellement de l'éolien et du photovoltaïque, qui ne sont pas facilement modulables avec le nucléaire dans les périodes hivernales sans vent ni soleil. Aussi, quelles autres énergies que le gaz et le charbon, tous deux polluants, comptiez-vous utiliser ?

J'aimerais aussi revenir sur la perte de nombreux fleurons industriels durant votre mandat : Alstom, Technip, Lafarge, Alcatel… M. Arnaud Montebourg en a égrené la longue liste lors de son audition. Ces entreprises sont pourtant des acteurs clés pour notre souveraineté, y compris énergétique. De nombreux observateurs ont pointé – à tort ou à raison, vous nous le direz – la faiblesse de la France en matière d'intelligence économique, notamment pendant votre quinquennat. Qu'avez-vous fait pour protéger ces groupes stratégiques ? S'agissant plus particulièrement d'Alstom, n'avez-vous pas fait preuve d'une naïveté coupable en laissant les Américains tendre un piège à un groupe essentiel pour notre souveraineté ? Peut-on, selon vous, parler ici d'un acte de guerre économique ?

Je reviens au photovoltaïque et à l'éolien. Malgré des investissements qui se chiffrent en milliards d'euros, nous n'avons pas observé l'émergence d'une industrie nationale des énergies renouvelables. Au contraire, durant votre mandat, la majeure partie de l'argent investi a contribué à renforcer des industries étrangères, puisque la majorité des éoliennes et des panneaux solaires installés en France viennent au mieux d'Allemagne, et au pire de Chine. Comment l'expliquez-vous ?

Avez-vous pris conscience des conséquences négatives qu'entraînerait l'implantation massive d'éoliennes dans les territoires ? Prenons l'exemple de la Somme, un département relativement pauvre où près de 1 000 éoliennes ont déjà été installées. Des milliers de logements ont perdu beaucoup de valeur ou sont même devenus invendables. Certains territoires ont perdu le peu d'attractivité qu'ils avaient : devant le fait accompli, les habitants sont souvent désespérés. Aviez-vous conscience de ces externalités négatives ?

Quelle a été votre position vis-à-vis de Bruxelles, qui reprochait à la France d'être en retard en matière d'énergies renouvelables alors qu'elle était, grâce au nucléaire, l'un des pays les plus vertueux du monde en matière d'électricité décarbonée ? Avez-vous tenté de changer les règles de l'Union européenne afin que le nucléaire soit réellement perçu comme une énergie décarbonée ?

Quelle a été votre position concernant la décision de l'Allemagne de fermer son parc nucléaire ? L'aviez-vous mise en garde contre la dépendance au très polluant charbon ainsi qu'au gaz russe ? Aviez-vous pris la mesure de la menace que représentait cette dépendance au gaz russe, les prix français de l'électricité étant étroitement liés aux prix allemands ?

Enfin, la transition énergétique implique une augmentation faramineuse de nos besoins en terres rares, lesquelles sont extraites et produites à 90 % en Chine. Étiez-vous informé de ce problème et aviez-vous commencé à réfléchir à cet enjeu ?

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