Intervention de François Hollande

Réunion du jeudi 16 mars 2023 à 14h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

François Hollande, président :

Ce qui est compliqué, avec la prévision, c'est de prévoir… Quelques illustrations.

En 2008 arrive une crise financière majeure, accompagnée d'une crise économique considérable qui ralentit la croissance, jusqu'à une récession en 2009. L'idée qui s'installe est que l'on est dans un cycle long de production faible, donc de consommation d'énergie également faible. Les prévisionnistes partent de ce qu'ils connaissent ; ils ne savent pas ce qui va se produire après le choc d'une épreuve ou d'une crise.

En 2015, le contexte est différent. La question climatique est devenue première – l'Accord de Paris va le démontrer. Il est nécessaire de passer plus vite qu'on ne l'avait cru à la transition vis-à-vis des énergies fossiles, alors même que leur coût est très bas. Le gaz est regardé comme l'énergie de demain à ce moment.

Le choc de la guerre en Ukraine conduit à aller encore plus loin. Le gaz restera présent, mais à des niveaux de plus en plus faibles, en tout cas en France, et on prévoit désormais une consommation électrique élevée, à cause des véhicules électriques, des data, etc.

Voilà pourquoi il faut essayer d'avoir plusieurs scénarios de prévision – je ne parle pas de scénarios d'action, comme RTE en a établi – et de coller autant que possible à ce que l'on peut vouloir et prévoir.

Il faudrait disposer en France d'un outil réel de planification. Il existe, je crois, un commissariat au plan – en tout cas, il y a un haut-commissaire. Il existe un secrétaire général à la planification, qui ne relève d'ailleurs pas, à ma connaissance, du haut-commissaire au plan. Et puis il y a RTE, et d'autres agences qui travaillent à la prospective. Il nous faudrait un lieu connu, comme l'a longtemps été le Plan, qui fournisse la capacité de projection, les options qui s'ouvrent aux décideurs et une vision longue. J'ai conclu mon propos introductif en parlant de rechercher le consensus ; c'est ce que la planification pouvait autoriser ; c'est ce qui nous manque. On se trompera toujours dans les prévisions : c'est à tort que l'on a annoncé la décroissance comme des périodes glorieuses. Mais ce qui compte, ce ne sont pas seulement les scénarios économiques : c'est ce que nous voulons pour notre pays – quel bilan énergétique, quelles industries favoriser, quelle organisation territoriale. Il ne nous manque pas seulement des outils de prévision, mais aussi des outils de planification.

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