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Intervention de François Hollande

Réunion du jeudi 16 mars 2023 à 14h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

François Hollande, président :

Le plafond n'a pas empêché EDF de produire de l'électricité. La France mobilise 41 gigawatts. Même si l'ensemble du parc produisait à plein régime, nous resterions au-dessous du plafond – et ce sera toujours le cas quand Flamanville aura été mis en service, car nous avions tenu compte de la capacité de production de la future centrale. Ce plafond n'est donc pas une contrainte. C'est pour cela qu'il me paraissait beaucoup plus opératoire que la proportion de 50 %, laquelle était un objectif politique. Il s'agissait d'envoyer le message que nous conserverions la pleine capacité de notre industrie nucléaire mais que, parallèlement, nous développerions les énergies renouvelables.

Il est possible que la consommation électrique augmente encore et que la nécessité de nous débarrasser complètement des énergies fossiles nous conduise à accroître la part du nucléaire. C'est d'ailleurs ce qui justifie à la fois la prolongation des centrales existantes et la construction de nouvelles.

Durant mon mandat, j'ai porté la durée d'exploitation à cinquante ans ; elle sera peut-être étendue à soixante ans. En ce qui concerne les nouvelles centrales, le Gouvernement a lancé un programme de construction, mais elles ne seront pas mises en service avant 2035, voire 2040 – dans le meilleur des cas, car il faut au moins dix ans pour construire une centrale. Il en a toujours été ainsi, du reste : la construction de la dernière centrale du programme « Messmer-Mitterrand » a été décidée en 1992 et elle a commencé à produire de l'énergie en 2002. C'est précisément parce que cela prend du temps qu'il est nécessaire de prolonger autant que possible les centrales existantes.

Par ailleurs, les nouvelles se substitueront aux anciennes, car l'Autorité de sûreté nucléaire, qui sera de plus en plus vigilante, nous interdira de prolonger celles-ci davantage – d'ores et déjà, des incidents se produisent. L'avantage est que les futurs réacteurs seront plus puissants. D'où, également, l'enjeu des plus petits réacteurs, les SMR. Je signale, à cet égard, que j'ai prolongé les recherches qui leur permettront de voir le jour.

S'il apparaissait que, tout en ayant développé les énergies renouvelables et prolongé les centrales, nous faisions face à un besoin tel qu'il faille augmenter la production, nous verrions bien ce qu'il adviendrait du plafond, mais il me semble dommage de le supprimer, car il ne constitue nullement une contrainte. L'objectif était de compléter autant que possible la production du parc nucléaire par des énergies renouvelables et d'inciter à la sobriété énergétique.

Que l'on ne veuille pas retenir la part de 50 %, je le conçois, même si la Première ministre a fini par dire que cette proportion serait atteinte. Qu'importe, d'ailleurs : ce chiffre n'est que le résultat d'une démarche. Le plafond, quant à lui, constituait une bonne indication de la pleine utilisation de nos capacités de production.

Au demeurant, jusqu'en 2019 – l'année 2020 étant particulière –, nous exportions de l'électricité nucléaire, ce qui signifiait que notre capacité excédait nos propres besoins. Autrement dit, nous n'étions pas en situation de contrainte. Si nous n'exportons plus, c'est parce que nous ne sommes plus en mesure de produire autant que nous le voudrions, non pas d'ailleurs en raison d'une décision prise en 2012, mais parce que nous sommes confrontés à des incidents. J'espère qu'ils seront réglés le plus rapidement possible, mais il faudra deux ou trois ans avant que nous retrouvions notre pleine capacité. Le plafond ne sera donc pas atteint.

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