Intervention de Florian Colas

Réunion du mercredi 15 février 2023 à 15h30
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Florian Colas, directeur national du renseignement et des enquêtes douanières :

Nous trouvons fréquemment des individus issus de certains pays balkaniques – pas tous – dans nos enquêtes sur les trafics de stupéfiants, d'armes et de migrants. Mais il importe de distinguer États et individus, et ces constatations ne signifient pas nécessairement que notre coopération n'est pas bonne avec les États. Nous pouvons même avoir de très bons partenariats avec eux. Seulement, comme souvent en matière de coopération internationale, les structures administratives d'un pays ne sont pas d'un bloc, si bien que la coopération avec un service de renseignement peut être excellente, alors que la coopération avec la douane ou la police du même État n'est pas du même niveau. L'important est de déterminer le bon partenaire avec qui parler. Les sanctions prises à l'encontre de la Russie incluent des restrictions de vols entre la Russie et l'Europe et l'on a pu voir des itinéraires de contournement via certains pays balkaniques. D'un point de vue douanier, les pays balkaniques sont à fort enjeu.

La Turquie, elle aussi candidate à l'adhésion à l'Union européenne, est également un pays à fort enjeu douanier. Certains mécanismes de contournement des sanctions à l'encontre de la Russie peuvent ainsi transiter par la Turquie et impliquer des compagnies de transport et des intermédiaires turcs. Je souligne qu'on parle là de comportements d'acteurs privés. Il en va de même en matière de trafics d'armes et de stupéfiants. La géographie fait souvent les choses et la Turquie est une porte vers l'Europe pour de nombreux produits et flux venant de l'Est. C'est pourquoi les enjeux sont prégnants avec ce pays, avec lequel la coopération est bonne – souvent, des services turcs sont désireux de coopérer au niveau opérationnel – mais gagnerait à être renforcée.

Nous nous appuyons, pour la coopération internationale, sur notre réseau d'attachés douaniers. La péninsule balkanique est couverte par un attaché en poste à Belgrade, mais nous n'avons pas d'attaché en poste en Turquie. C'est une faiblesse de notre dispositif et nous réfléchissons à réactiver une présence dans ce pays pour densifier la coopération.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion