Intervention de Bernard Émié

Réunion du mercredi 15 février 2023 à 15h30
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Bernard Émié, directeur général de la sécurité extérieure :

S'agissant des process, je dirige un service extérieur qui fait remonter l'information par des canaux internes au ministère des armées ou au système pour alerter les autorités concernées en cas de difficulté. Nous le faisons de manière assez systématique et organisée. Le système de coordination interagences, auquel Mme Le Grip a fait allusion, fonctionne très bien. Ainsi, lorsque j'observe des faits qui concernent le territoire national, j'alerte la DGSI. S'ils concernent notre base industrielle et de défense, je saisis la DRSD.

Il faut aussi mesurer les progrès réalisés au cours des dernières années. Nous travaillons désormais ensemble et il n'y a pas de trous dans la raquette. Au nom de la communauté nationale du renseignement, je revendique un travail très fin dans ce domaine. Mon souci n'est pas d'annoncer une bonne nouvelle au chef mais d'être efficace et d'obtenir des résultats pour notre pays. Bref les procédures existent, les remontées se font, les alertes sont données, même si le mécanisme peut être encore amélioré – nous sommes, du reste, très contrôlés à cet égard.

Quant aux moyens dont dispose la DGSE, ils sont satisfaisants. La DGSE jouit d'une forte attractivité. Dans le domaine généraliste, je recrute sur concours. Avec 2 000 candidats pour 30 places, je n'ai pas les mêmes problèmes de recrutement que d'autres. Pour le recrutement des ingénieurs, disons que nous faisons « la sortie des écoles ». Nous leur offrons des moyens qu'ils ne trouveront nulle part dans l'État. Je suis très optimiste en constatant que les jeunes qui nous rejoignent ont un sens de la mission et une passion incroyables. Leur volontarisme et leur engagement sont très rassurants. Quant aux linguistes, bien sûr que la DGSE, service de sécurité extérieure, dispose de gens qui parlent le tamasheq, le swahili, le wolof ou le hongrois.

Je suis très vigilant quant au recrutement de mes collaborateurs. En outre, les habilitations nécessaires rendent l'entrée à la DGSE beaucoup plus difficile qu'ailleurs. À titre d'illustration du niveau de recrutement, je dirai que tous les deux ans, un administrateur de la DGSE est issu de l'ex-École nationale d'administration, dans la première moitié du classement – qui n'existe plus. Lorsque je vais promouvoir mon établissement auprès d'eux, je leur explique qu'ils ne répondent sans doute pas tous à mes critères de sécurité, ce qui les étonne beaucoup car, en tant qu'élèves fonctionnaires, ils se pensent susceptibles de travailler dans toutes les administrations. Mais la DGSE n'est pas un établissement comme les autres ! Nos effectifs comprennent également des binationaux. Ils font l'objet d'enquêtes de sécurité extrêmement exigeantes, qui remontent jusqu'à leurs arrière-arrière-grands-parents et prennent du temps.

L'Inde, qui est également un sujet d'attention, n'est pas un pays très offensif envers la France. Elle pratique beaucoup le lobbying et nous le pratiquons aussi à son endroit. C'est un partenaire stratégique d'un grand intérêt, notamment à l'échelle du monde indo-pacifique.

Quant à la présence du Département d'État sur les plages de Pattaya, je ne ferai pas de commentaire : peut-être ces agents étaient-ils tout simplement en vacances, peut-être pas…

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