Intervention de Mark MacGann

Réunion du jeudi 23 mars 2023 à 9h15
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Mark MacGann, ancien dirigeant et lobbyiste d'Uber, lanceur d'alerte sur les pratiques de la société Uber pour entrer sur les marchés français et européen :

S'agissant de faits qui se sont produits il y a plusieurs années, je n'ai pas tous les éléments en tête mais j'ai conservé toutes les données. Je peux donc, à la demande de la commission d'enquête, fournir tous les documents, tous les mails, tous les SMS, etc.

Je ne m'occupais pas directement de la France mais on faisait appel à moi pour les rencontres de haut niveau. Travis et moi avons eu de nombreux contacts avec le ministre de l'Économie – SMS, appels téléphoniques, etc. Nous avons également essayé d'avoir accès au Président de la République – nous avons essuyé un refus, ce qui était tout à fait normal – ainsi qu'à Jean-Pierre Jouyet et à Manuel Valls. Nous avions des contacts directs par nos lobbyistes, par des investisseurs comme Google ou des fonds de capital-risque, qui avaient de très bons rapports avec des politiques français, ou encore par nos avocats. Nous avions ainsi des contacts réguliers avec Mme Bédague, directrice du cabinet de Manuel Valls, alors à Matignon

Nous avons également participé à des réunions, place Beauveau, avec le directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve. Ensuite, après une longue discussion avec ce dernier dans son bureau, le 1er juin 2015, j'ai continué à avoir des échanges réguliers avec lui. Je ne sais pas en revanche si mes équipes ont eu des contacts avec le ministre des Transports, le ministre de l'époque, Alain Vidalies.

Il était également de plus en plus nécessaire, hélas, de dialoguer avec l'Urssaf et la DGCCRF parce que différentes autorités de l'État faisaient des descentes. Les contacts à ce niveau se faisaient par des personnes de Uber France, des avocats ou des fiscalistes. Nous avons aussi sollicité d'autres politiques pour avoir leur point de vue. David Plouffe et moi-même avons déjeuné avec l'ancien président Nicolas Sarkozy pour lui demander conseil.

Nous avons également rencontré nos investisseurs français. Nous pensions très naïvement que la présence de Bernard Arnault ou de Xavier Niel dans notre capital permettrait de changer la donne ; ce ne fut pas vraiment le cas. Il s'agissait de petits investissements pour eux – 10 millions de dollars chacun – mais il n'y a pas eu de grand retour politique de la part de M. Arnault. Xavier Niel organisait des dîners chez lui, quand Travis venait à Paris, avec différents grands dirigeants, des personnes qui avaient de l'influence politique, mais ce n'était pas vraiment transactionnel.

Enfin, nous avons développé des contacts avec les municipalités où nous voulions nous lancer – Lyon, Bordeaux, Marseille et autres.

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