Intervention de Valérie Rabault

Séance en hémicycle du mercredi 5 avril 2023 à 21h30
Contrer le recul de la culture scientifique à l'école au sein de l'État et dans nos politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rabault :

Sur ces 200 000 élèves, il y avait 96 000 filles ; on n'en compte plus aujourd'hui que 33 000.

Du côté de l'enseignement primaire, les indicateurs sont également préoccupants.

Toujours en me référant aux faits, je veux souligner que votre gouvernement est celui qui a appauvri l'État en compétences scientifiques. Ainsi, il a fallu toute la mobilisation de la société civile pour que le Président de la République renonce à la suppression des corps techniques de l'État. Autre donnée très inquiétante : le nombre d'ingénieurs de la fonction publique d'État a chuté de 3 000 en huit ans, passant de 20 000 en 2011 à 17 000 en 2019 ; dans le même temps, le nombre de fonctionnaires de l'État a augmenté de 25 000.

Ce recul n'est pas sans conséquence sur la société française. En janvier dernier, l'Ifop a publié un sondage qui délivre quelques enseignements édifiants. Aujourd'hui, seul un jeune sur trois estime que « la science apporte à l'homme plus de bien que de mal », alors qu'ils étaient 55 % à le penser il y a cinquante ans. De même, le pourcentage de personnes susceptibles de penser que la Terre est plate augmente.

Madame la ministre, les choix que nous faisons collectivement pour le futur sont déterminants. Puisque le temps m'est compté, je n'en citerai qu'un seul, sur lequel la France sera interrogée : l'avenir du Cern, que l'on nomme aujourd'hui « Organisation européenne pour la recherche nucléaire ». J'en conviens, s'interroger sur les origines de la matière est assez éloigné de nos préoccupations quotidiennes. Pourtant, c'est grâce à cette interrogation et aux travaux du Cern que nous disposons d'imageries par résonance magnétique (IRM) de plus en plus performantes, que la première radiographie du cerveau en trois dimensions a été réalisée, que des avancées sur la recherche sismique ont été obtenues, au profit de pays proches, et que le réseau internet, dont nous ne pouvons plus nous passer, a été créé !

Aujourd'hui, c'est à celles et ceux qui sont en responsabilité – c'est-à-dire à vous, madame la ministre – qu'il revient de déployer les efforts nécessaires pour que la France cesse de reculer. Bientôt, il sera trop tard.

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