Intervention de Jean-François Hoarau

Réunion du vendredi 24 mars 2023 à 9h00
Commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la constitution

Jean-François Hoarau, professeur en sciences économiques au Centre d'économie et de management de l'océan Indien de l'université de La Réunion :

Les causes de la vie chère sont structurelles. La vulnérabilité globale repose sur trois éléments : le choc, l'exposition au choc et la capacité de réagir au choc. La vulnérabilité structurelle, à laquelle je fais souvent référence, porte uniquement sur les deux premiers éléments. L'exposition au choc pose problème en outre-mer du fait de l'existence de handicaps qui biaisent la compétitivité prix et coût de nos entreprises par rapport à celle des entreprises de l'Hexagone. Tout choc subi se répercute avec une ampleur d'autant plus grave que la capacité de réaction fait défaut. Tout n'est pas perdu, nous avons la possibilité de réagir mais il ne faut pas oublier que les causes sont structurelles.

Monsieur le rapporteur, vous avez parfaitement exposé les différentes causes dans votre résolution. Elles sont structurelles : localisation géographique handicapante, poids de l'histoire, inégalités d'accès à la formation, à l'éducation et à l'emploi, environnement économique contraignant lié à la petite taille, absence d'économies d'échelle, faiblesse de la demande avec des positions de monopole et d'oligopoles, possibilité de marges abusives… Il faut mettre en place des politiques non pas conjoncturelles mais structurelles, avec une vision à moyen et long terme, même si, à court terme, nous pouvons jouer sur la fiscalité, notamment sur la TVA, ou sur les coûts de transport en soutenant le fret, qui n'est pas suffisamment dimensionné.

La meilleure façon d'augmenter le pouvoir d'achat étant de créer des revenus supplémentaires, il convient d'améliorer l'accès à l'emploi, qui dépasse le cadre de l'accès à l'éducation. Quelques travaux scientifiques récents et sérieux révèlent un phénomène de discrimination à l'embauche concernant les candidats ultramarins, sur le marché hexagonal comme sur nos marchés domestiques. Dans certains secteurs, les personnes d'origine ultramarine auraient 20 à 25 % de chances en moins d'être retenues. Malheureusement, c'est encore une réalité.

Par ailleurs, la question des transports est importante. Dans nos territoires, les moyens de transport sont très mal conçus. Pour les populations pauvres vivant éloignées des bassins d'emploi et n'ayant pas accès à la voiture ou à l'énergie, il est difficile d'engager une démarche active d'emploi.

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