Intervention de Jean-Pierre Duthion

Réunion du mercredi 12 avril 2023 à 18h00
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Jean-Pierre Duthion :

Merci de me poser cette question. Je vais être très sincère avec vous : je travaille dans un milieu ultra-concurrentiel dans lequel, contrairement à ce que certains pourraient croire, les acteurs – individus, agences, lobbyistes – sont légion. Les révélations, les accusations ou les attaques, systématiquement anonymes, y sont régulières – au moins une fois tous les trois mois –, à tel point que je n'attaque même plus les journaux qui les relaient pour limiter mes frais d'avocat. Et je ne suis pas le seul concerné, cela vaut également pour les tous les autres intervenants, comme le montrent les récentes affaires qui concernent Avisa Partners ou 35° Nord.

S'agissant de votre deuxième question, la bonne réponse serait celle de l'encadrement du lobbying envers la presse. Et c'est moi, lobbyiste – je voudrais que cela soit ma modeste pierre à l'édifice –, qui vous le dis ! Pour éviter tous ces faux-semblants et pour que l'on puisse tous être sur un pied d'égalité, il faudrait qu'il y ait des règles claires et précises, pour qu'il n'y ait plus de publireportage au milieu du journal de vingt heures. Je vous invite à regarder la partie « Le Mag » de l'émission « 50'inside », qui est diffusée chaque samedi sur TF1, puis de lire les remerciements à la fin de l'émission. Vous verrez alors que ce sont bien de publireportages. Lorsqu'il s'agit de sujets sur la Guadeloupe ou la Martinique – donc sur la France –, tant mieux, mais il arrive aussi que ce soit sur Mexico, sur l'Argentine ou sur d'autres destinations. L'influence est économique et étrangère, mais, surtout, elle est partout.

Lorsqu'une équipe de journalistes se déplace – j'en ai été témoin lorsque j'étais fixeur en Syrie –, elle dispose d'un budget limité. La différence entre ce budget et celui qu'il faudrait pour qu'elle puisse voyager en business ou en première classe et séjourner dans des hôtels quatre étoiles est prise en charge par le pays hôte. Dans ces conditions, quelle peut être la perception que ces journalistes ont du pays qui les accueille ? Et ce sont des pratiques courantes. Combien de journalistes ont été invités lors de la dernière Coupe du monde de football au Qatar ? Combien de places pour assister aux matchs et combien de billets d'avion ont été offerts ? Dis-moi qui te paie, je te dirais qui tu es. Alors quand j'entends que mes liens avec certains journalistes, que je côtoie et auxquels j'apporte des informations, sont devenus l'alpha et l'oméga de l'influence, alors que les publireportages sont omniprésents, je dois vous avouer, sincèrement, que cela me semble complètement ubuesque.

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