Intervention de Cyrielle Chatelain

Séance en hémicycle du lundi 11 juillet 2022 à 16h00
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCyrielle Chatelain :

Regardez cette assemblée, regardez les 577 députés qui la composent : elle reflète le message que les Français et les Françaises ont choisi de nous envoyer. Une injonction démocratique qui met fin au règne absolu et vertical de la majorité présidentielle. C'est une première depuis l'inversion du calendrier électoral. En 2002, 2007, 2012, 2017, il y a eu des majorités absolues, franches, et pourtant, elles ne ressemblaient pas à la France et se sont peu à peu éloignées d'elle. Année après année, scrutin après scrutin, nous avons perdu les Français et les Françaises qui ont déserté les urnes. L'abstention, qui peut sincèrement s'en étonner alors que pendant des décennies, nous avons verrouillé nos instances démocratiques, enjambé les campagnes électorales, fait taire les manifestations, muselé le Parlement, dégainé le 49-3, archivé les doléances nées du mouvement des gilets jaunes et convoqué une convention citoyenne pour ne surtout pas les entendre, pour ne jamais les écouter ?

Aujourd'hui, madame la Première ministre, vous avez la possibilité de briser ce cercle vicieux. Mais vous avez raté une première occasion de le faire en refusant de vous soumettre à un vote de confiance, en dépit de la tradition. Par ce refus, c'est votre conception du Parlement qui se dévoile ; par ce refus, c'est votre vision de la République qui est mise au jour. Rappelons que la vocation première de notre République n'est pas de consacrer le règne d'un homme providentiel. Sa raison d'être est l'expression et le respect de la volonté souveraine du peuple. Le cœur de notre République, comme le déclarait Jean Jaurès devant les lycéens d'Albi, c'est un acte de confiance et d'audace, c'est l'indéfectible croyance que l'on peut « se combattre sans se déchirer ».

Vivons-nous dans la même République ? Une clarification est nécessaire. La minorité présidentielle a inventé des ennemis communs à la droite libérale et à l'extrême droite de Marine Le Pen et d'Éric Zemmour : les islamo-gauchistes, qu'elle voit partout,…

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