Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du lundi 15 mai 2023 à 16h00
Prévention des incendies et lutte contre l'intensification et l'extension du risque — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Faut-il rappeler la violence et la brutalité des incendies qu'ont connus la France et l'Europe en 2022 ? En Europe, près de 800 000 hectares sont partis en fumée entre le 1er janvier et le 19 novembre, soit le double de la moyenne annuelle des quinze dernières années. Triste record ! En France, les mégafeux ont détruit plus de 72 000 hectares sur l'ensemble de notre territoire.

Pendant des jours et des nuits, des centaines d'hommes et de femmes ont combattu, pied à pied, héroïquement, depuis les airs et sur terre, ces feux hors norme qui ont balafré nos paysages et réduit en cendres des forêts parfois centenaires. Le constat est accablant, et je profite de cette occasion pour rendre un hommage appuyé à tous nos pompiers, professionnels et volontaires, dont le dévouement a été sans faille, comme il l'est chaque jour de l'année lorsqu'il s'agit de venir à notre secours. J'ai une pensée pour Jérémy Beier : c'était déjà il y a presque sept ans, à Gabian.

La brutalité des chiffres nous oblige à regarder la réalité en face : dans la région méditerranéenne, les surfaces brûlées pourraient augmenter de 80 % d'ici à 2050. Plus alarmant encore, les incendies considérés comme hors norme pourraient représenter 15 % des feux en 2030 et 30 % des feux en 2050. En France, le manque de précipitations depuis le début de l'année et les températures élevées font déjà craindre une « sécheresse du siècle » qui, outre un désastre pour les cultures, sera un terrain propice à des départs de feux supplémentaires. Après 1 000 hectares au mois d'avril, 30 hectares de plus ont été détruits le 8 mai dernier dans les Pyrénées-Orientales. C'est dire l'urgence de la situation !

Face à un risque devenu une quasi-certitude, le Gouvernement a annoncé, le 11 avril dernier, plus de moyens pour lutter contre les feux de forêt. Le ministre de l'intérieur s'y était engagé dès l'été dernier en promettant de mettre à disposition davantage de bombardiers d'eau et d'engins terrestres, de pompiers et de militaires, et d'allouer 180 millions d'euros aux Sdis afin qu'ils acquièrent 1 100 véhicules de lutte contre le feu.

Espérons que les mesures annoncées suffiront à nous faire passer l'été – elles parent en tout cas au plus urgent. Car c'est bien d'argent qu'il s'agit aussi : dans l'Hérault, le Sdis a enregistré, en 2022, un déficit historique de près de 1,8 million d'euros. La hausse exponentielle des incendies a coûté 3 millions de plus qu'en 2021 : on en a dénombré 638, qui ont détruit 1 525 hectares de végétation. Entre janvier et septembre 2022, on a compté presque 10 000 interventions de plus que pendant la même période en 2021.

Ajoutez à cela les dépenses de carburant : 900 000 euros de plus que prévu, soit une hausse de 29 % ! L'addition est salée. Autant vous dire que l'amendement déposé par le Gouvernement afin de supprimer l'article 32, qui vise à exonérer de fiscalité les carburants utilisés par les pompiers, est mal accueilli. Les coûts sont essentiellement supportés par les départements, parfois avec l'aide des communes lorsque, comme c'est le cas à Béziers, une nouvelle caserne va voir le jour, caserne qui sera également financée par la ville : le terrain sera fourni, plus 2,2 millions d'euros sur les 11 millions que coûtera la caserne au total.

Il faut le souligner, le texte que nous examinons, fruit des conclusions de la mission de contrôle du Sénat, était particulièrement attendu ; je pense notamment aux actions de prévention, essentielles, comme l'obligation de débroussaillage, qu'il faut rendre effective. Pourquoi ne pas généraliser, en outre, aux abords des stations d'autoroute, les asperseurs d'eau déjà utilisés dans les Bouches-du-Rhône ? Cela relève du bon sens, me semble-t-il.

La population doit également être mieux armée pour faire face aux incendies en adoptant les bons gestes lorsque les habitations sont menacées. Et puis, comment accepter que des incendies soient encore de nos jours déclenchés par de simples mégots jetés dans la nature ?

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