Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du mercredi 24 mai 2023 à 21h30
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Sébastien Lecornu, ministre des armées :

C'est un bon débat, qui résulte de notre histoire, des programmes passés. Je répondrai d'abord, monsieur Lachaud, à votre question de tout à l'heure sur le MCO des catapultes actuelles. Celles-ci, je le rappelle, sont américaines et fonctionnent à la vapeur. Pour éclairer l'Assemblée sur le sens de votre amendement, il faut en rappeler la raison : dans le passé, les Américains, construisant beaucoup de porte-avions pour leur armée, bénéficiaient d'une capacité de production leur permettant d'exporter à leurs alliés. Nous avions donc décidé de nous approvisionner auprès d'eux, car ce n'était pas notre cas, même si nous disposions de plusieurs porte-avions – nous n'en avons plus qu'un.

S'agissant du MCO, il convient de distinguer les opérations de maintenance courantes et celles qui ont lieu tous les trois à quatre ans pour les pièces importantes ou critiques et impliquent de faire appel au fournisseur américain.

Pour être honnête avec vous, j'ai déjà interrogé la DGA – je pourrai le faire de nouveau, car je souhaite être le plus précis possible, même si je ne peux pas avoir réponse à tout –, pour vérifier que nous ne commandons pas ces pièces aux États-Unis par facilité alors que nous saurions les produire nous-mêmes, en prévision d'une crise – je renvoie aux propos du général Bentégeat que vous évoquiez. De fait, ces pièces sont les seules pour lesquelles nous restons dépendants.

J'en viens à l'objet de vos amendements, le futur porte-avions – pour lequel tous les choix n'ont pas encore été faits. Distinguons les pièces auxquelles vous faites référence : les ascenseurs, les catapultes et les brins d'arrêt. J'ai demandé à la DGA d'étudier la possibilité d'une production nationale pour chacune d'entre elles. Cela implique d'examiner lucidement la question du savoir-faire de nos industries – je le dis sans critique, ni démagogie –, sachant que toutes ces pièces ne sont pas également critiques. Il faut également prendre en compte les délais dans lesquels nous voulons disposer du PANG. Vous connaissez désormais tous les critères de la décision.

Pour les ascenseurs, nous étudions la possibilité d'une production souveraine ; je ne peux pas encore vous donner d'autre réponse. Quant aux catapultes et aux brins d'arrêt, à l'heure où nous parlons, à ma connaissance, aucune entreprise française ne permet d'en produire de manière souveraine – si vous en connaissez une, je vous invite à déposer un sous-amendement. Nous devrons continuer à débattre de cette question dans le cadre de l'examen du programme PANG. Si les grands anciens se sont résolus à choisir des pièces américaines, je pense que c'est parce qu'ils y ont été acculés.

Il nous reste encore du temps avant de devoir prendre une décision définitive concernant cette composante coûteuse du PANG. Ainsi, si vos amendements sont intellectuellement stimulants et suscitent le débat, il n'est pas raisonnable de demander au ministère des armées de s'assurer d'une production souveraine des ascenseurs – autant adopter directement un amendement pour interdire la guerre, nous gagnerions du temps et n'aurions même pas à débattre d'une LPM !

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