Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du mercredi 24 mai 2023 à 21h30
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Sébastien Lecornu, ministre des armées :

…aux défenseurs de la souveraineté et du bon sens : ce débat est dépassé depuis longtemps. La question désormais est de savoir comment parvenir à ce résultat. Elle mérite un débat de fond et nous ramène à l'économie de guerre, dont M. Dessigny demandait tout à l'heure qu'on supprime la mention du rapport annexé. Je le dis avec gravité. Quels que soient les responsables politiques à la tête des États européens, dont le nôtre, le climat d'urgence impose de savoir si les industries européennes, et d'abord les nôtres, sont capables de s'adapter aux dispositifs d'achat commun, dont Edirpa – European Defence Industry Reinforcement through common Procurement Act – est le plus connu. Que même la Pologne décide d'acheter en Corée du Sud plutôt qu'aux États-Unis, parce que même les industriels américains prennent trop de temps pour livrer, doit nous mettre en garde, si nous voulons défendre l'industrie française. La situation de mes homologues le montre. Jusqu'à récemment, le critère principal de choix était le prix. Désormais, le retour de la guerre et la pression que l'opinion publique et les parlements exercent sur les gouvernements, notamment des pays de l'Est, ont fait des délais de livraison un critère décisif. Cette considération me ramène à l'économie de guerre, quelque nom qu'on lui donne : il faut soumettre notre industrie de défense à une saine tension afin d'éviter le recours, qu'évidemment je ne souhaite pas, à d'autres industries, en particulier celles situées en dehors de l'Union européenne.

S'agissant du Fonds européen de la défense (FED), les autres pays européens nous reprochent justement de bien tirer notre épingle du jeu. Nous ne le répéterons pas trop fort en dehors de cet hémicycle, mais le rapporteur a raison de souligner que l'industrie française sait tirer avantage de la gestion du FED. Le Brexit a participé à faire évoluer la situation.

Vous raconterez ce que vous voudrez pendant la campagne européenne à venir, mais si l'on s'en tient aux faits, avec une approche un peu technique, il faut admettre que la France tire bon parti de l'Europe de la défense et que nous le devons au Président de la République.

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