Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du jeudi 25 mai 2023 à 9h00
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Sébastien Lecornu, ministre des armées :

Je ne pense pas que Nicolas Sarkozy se soit inscrit dans un héritage distinct de celui du général de Gaulle, ni qu'il ait signé un chèque en blanc aux États-Unis d'Amérique lorsqu'il a acté le retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan. Je suis défavorable à ces deux amendements. Ils proposent d'écrire dans le rapport annexé des choses auxquelles je ne crois pas.

Par ailleurs, j'ai réfléchi à la demande consistant à dresser, plus de dix ans après, un bilan formel du retour de la France dans le commandement intégré, par exemple par le biais d'un rapport, une demande qui a été formulée sur les bancs situés aux deux extrêmes de l'hémicycle – extrêmes géographiques et sans doute aussi politiques. Nous n'avons rien à cacher et je suis partisan de jouer cartes sur table, pour plusieurs raisons.

La première, c'est que nos militaires, au bout de dix ans, ont des choses à dire. Que ce soit sur les opérations maritimes, sur les plans de défense ou sur ce que nous faisons comme nation-cadre en Roumanie, l'armée française est exemplaire ; vous parliez d'allié exemplaire, mais c'est bien notre armée qui l'est, et nous sommes capables de le démontrer. Je ne vois pas pourquoi nous ne le ferions pas. Même quand on n'aime pas l'Otan ni l'Union européenne (UE), il n'en demeure pas moins que ces pays sont voisins du nôtre et que montrer ce que les armées de la République française sont capables de faire pour protéger nos alliés va dans le bon sens.

La deuxième, c'est que ce rapport permettra de montrer ce que le retour dans le commandement intégré a changé, à tous les égards. Il faut aller jusqu'au bout du raisonnement : en adoptant ces amendements, vous mettriez fin à notre statut de nation-cadre en Roumanie, qui est un corollaire du commandement intégré – contrairement à d'autres aspects, comme l'interopérabilité du matériel.

La troisième, c'est qu'il permettra d'éviter les caricatures. Quand le président Nicolas Sarkozy a décidé de rejoindre le commandement intégré de l'Otan, il l'a évidemment fait sous conditions. Qui plus est, nous n'avons pas rejoint le groupe des plans nucléaires. Parler de banalisation de la présence française au sein de l'Otan est donc une inexactitude absolue, puisque nous ne participons pas à la planification nucléaire, contre laquelle sont dirigées certaines objections dirimantes. Souvent, sur certains bancs, quand on veut politiser la question de l'appartenance de la France à l'Otan, on entretient ce flou en ne disant jamais que nous ne sommes pas dans le groupe des plans nucléaires, comme si c'était anecdotique ; c'est faux, c'est même une hérésie.

Enfin, puisque tout le monde est désormais gaulliste dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, ce qui est une bonne nouvelle ,

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