Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du vendredi 26 mai 2023 à 15h00
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Sébastien Lecornu, ministre des armées :

Deux questions précises, deux réponses précises.

Premièrement, le fait que nous possédions des forces aériennes stratégiques et un porte-avions était connu du partenaire allemand au moment où il a signé avec nous pour le Scaf. Il n'y a donc pas de nouveauté. La question est légitime, mais je ne crois pas que nos conditions excluent l'Allemagne par principe, d'autant que les Allemands savent pertinemment qu'il n'y a aucun schéma, aucun espace dans lequel nous remettrions en cause l'efficience et la performance de la dissuasion nucléaire de nos forces aériennes stratégiques, pour ne citer qu'elles. Enfin, ce n'est pas pour dire du bien du Rafale ou de Dassault, mais il est clair que la réussite du Rafale intéresse aussi sur le terrain militaire, ce qui est une bonne nouvelle pour la France.

Deuxièmement, la question de savoir ce que nous attendons du char se serait posée, que nous soyons seuls ou à plusieurs. Je rappelle que nous sommes encore très en amont du projet, avant la phase 1A. C'est le moment de définir nos attentes. Je prends votre question comme vous l'avez posée : est-ce avant tout de l'idéologie ? Non. La réalité, c'est que les Allemands ont le même problème que nous. Pour eux, c'est la succession du Leopard ; le problème s'accélère parce qu'ils en donnent beaucoup à l'Ukraine, ce qui redonne, d'ailleurs, une vitalité au projet. Pour nous, comme vous le savez, puisque vous connaissez bien le dossier, c'est la succession du char Leclerc rénové. L'élément déclencheur du programme MGCS, c'est donc le constat que deux pays voisins et alliés – c'est factuel –, par ailleurs membres des mêmes alliances et partageant des intérêts de sécurité communs, doivent régler la succession de leur segment de cavalerie blindée au même moment, même si nous ne sommes pas complètement dans la même situation ; comme je l'ai dit de manière pudique, parce que la séance est retransmise, il faut aussi tirer les conclusions de l'aventure du Leclerc. Quoi qu'il en soit, je vous remercie pour ces propos techniquement plus précis.

Nous aurons bien le temps de débattre de ce qu'il convient de faire de ces deux programmes en 2025-2026. L'essentiel, comme l'a dit le député Mounir Belhamiti, c'est qu'il ne faut pas tuer les coopérations a priori ; ce n'est pas notre histoire que de faire ça.

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