Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du vendredi 26 mai 2023 à 15h00
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Sébastien Lecornu, ministre des armées :

Premièrement, la question du sort des infrastructures classiques, traditionnelles, bâtimentaires – vous en avez parlé – se pose dans tous les territoires de la République qui ont connu un désengagement de la République. On ne se rend pas compte – et c'est pourquoi je veux le rappeler à l'ensemble des députés – du nombre d'infrastructures qui ont été construites autour du Centre d'expérimentation du Pacifique, au-delà des atolls de Hao et de Moruroa. Évidemment, lorsque les armées sont parties, ce sont autant de logements, de casernes et d'infrastructures que l'on a fermés et qu'il faut donc dépolluer et remettre aux normes.

Un CRSD, un contrat de redynamisation de site de défense, a donc été signé, comme on l'aurait fait dans d'autres territoires, pour d'autres raisons – par exemple chez moi, à Vernon – mais celui-ci a été, il faut le reconnaître, d'une ampleur assez exceptionnelle, d'autant plus qu'il a fallu passer par une contractualisation à plusieurs en raison du système de répartition des compétences entre les communes et le pays.

En tant que ministre des outre-mer, j'avais plaidé en faveur du CRSD. Par conséquent, lorsque je suis devenu ministre des armées, j'ai décidé de le prolonger de deux ans mais aussi de l'abonder à hauteur de 6 millions supplémentaires – d'une certaine manière, je m'accordais ainsi ce que j'avais moi-même réclamé ! Sans faire de promesse de Gascon, je précise que si les projets des communes et des autres territoires l'exigent, cette somme sera évolutive, à la fois parce que cela participe de la reconnaissance globale que nous devons à la Polynésie, mais aussi, au-delà même de cet enjeu lié au passé, parce que de bons projets émergeront dans ce contexte. Vous avez en effet des besoins en logements et en infrastructures. Si les armées et le ministre des armées peuvent contribuer à redéfinir un avenir en soutenant certains projets, nous serons très heureux de les accompagner.

Deuxièmement, j'en viens à un sujet que vous n'avez pas développé mais dont je tiens à vous dire qu'il figure au programme de la LPM et qu'il n'en a pas disparu : la surveillance géologique et environnementale. Vous le savez, monsieur le député, mais je le dis à l'intention de tous ceux qui m'écoutent : on trouve toujours, sur l'atoll de Moruroa, de nombreux capteurs qui y avaient été placés. Des équipes sont présentes sur place en permanence.

D'ailleurs je suis heureux de m'y être rendu moi-même – cela faisait plus de trente ans qu'un ministre de la République n'y avait pas fait de visite – car cela m'a permis d'aller à la rencontre de populations qui vivent autour de l'atoll.

Il s'agit d'un système de surveillance géologique en direct afin de garantir la sécurité de l'atoll. Cela mobilise évidemment des moyens mais je tiens à dire qu'ils seront maintenus.

La troisième question que je souhaite évoquer, et qui se pose lorsqu'on se rapproche de Moruroa et de Fangataufa, est la dépollution pure des sols et des terres. Avant de traiter la situation à Moruroa – qui est toujours, et restera, un terrain militaire, pour plusieurs raisons que je pourrais expliquer hors micro – le ministère a toujours considéré, tout comme les hauts commissaires et les élus du territoire, que la priorité était de s'occuper de tous les atolls qui l'entourent, dont Hao, dont j'ai rencontré à de nombreuses reprises les deux tavana – les maires – successifs. Là-bas, il y a des urgences, qu'il s'agisse d'enjeux classiques comme l'état de certains bâtiments, ou de problèmes de pollution plus spécifiques qui se posent au bout de la piste d'atterrissage.

Les choses avancent. Cela demande du temps car il faut agir de façon précautionneuse, y compris pour la santé des personnes qui interviennent sur ces opérations, et cela demande un peu d'argent si l'on veut que ce soit bien fait. En tout cas, il est préférable d'agir.

À Mangareva et Pukarua, ces opérations sont, d'après mes informations, totalement achevées – je ne suis pas retourné sur place depuis deux ans. Celles qui sont prévues à Tematangi et Tureia devraient être terminées d'ici à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine. Nous devrons évidemment faire un nouveau point sur l'état d'avancement de ces projets.

La plus grosse partie du travail concerne évidemment Hao. Pour ceux qui l'ignorent, cet atoll était la base de soutien principale de Moruroa et de Fantagofa. C'est donc là que se trouvaient, non pas l'essentiel des troupes, mais un grand nombre de forces et surtout des équipements destinés à l'aviation, dont on a pu suspecter qu'ils étaient à l'origine de pollutions dans certaines zones. Là encore, le travail est toujours en cours.

Pardonnez-moi pour cette réponse longue mais il s'agit d'un sujet très sensible et très important pour nous tous.

Demande de retrait parce que l'amendement est satisfait. J'ajoute que je me rendrai en Polynésie française pour évoquer les questions de sécurité liées aux Jeux olympiques et paralympiques. Nous aurons l'occasion de revenir sur tous les sujets que j'ai abordés, notamment le CRSD puisque je voudrais présider un comité de pilotage sur cette question, qui réunirait les élus et le nouveau président Moetai Brotherson.

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