Intervention de Jean-Charles Larsonneur

Séance en hémicycle du jeudi 28 juillet 2022 à 9h00
Déclaration du gouvernement relative au bilan de la présidence française de l'union européenne

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Charles Larsonneur :

Une réussite pour la France d'abord. En faisant avancer les priorités qu'elle s'était fixées, la diplomatie française a démontré sa capacité d'entraînement. Je pense notamment au paquet climat visant à réduire de 55 % nos émissions d'ici à 2030, à la taxe carbone aux frontières et à l'instauration d'un salaire minimum européen. Cette convergence est un préalable indispensable à l'édification d'un modèle social commun. Grâce à la France, notre continent demeure à l'avant-garde de la lutte pour la justice sociale et contre le réchauffement climatique.

Une réussite aussi, évidemment, pour l'Europe. Comme en 2008 avec l'invasion de la Géorgie, la présidence française a été marquée par un conflit majeur aux portes de l'Europe. Mais cette fois-ci, sous l'effet d'une diplomatie volontariste, l'Union européenne s'est elle-même affirmée sur la scène internationale, notamment en finançant l'achat d'équipements militaires au profit de l'armée ukrainienne dans le cadre de la facilité européenne pour la paix. Au chapitre de la politique de sécurité et de défense commune, l'adoption d'un premier livre blanc européen – la Boussole stratégique – constitue aussi un tournant majeur dans l'histoire de l'Union.

Venons-en aux enseignements que l'on peut tirer de cette présidence. J'en relève au moins trois.

Premièrement, il faut croire, encore et toujours, à la politique des petits pas. J'en veux pour preuve les progrès enregistrés en matière de régulation du marché numérique, sujet que le Gouvernement a justement érigé en priorité. Il faut croire à cette méthode même en cas de difficulté, par exemple lorsque la Hongrie bloque la transposition de l'accord trouvé à l'OCDE en vue d'introduire une taxe minimum de 15 % sur les multinationales.

Deuxièmement, si le moteur franco-allemand continue de fonctionner et demeure essentiel, notre action européenne s'enrichit de nos coopérations bilatérales, de tous nos partenariats, sans exclusive. Ainsi, le traité du Quirinal, qui sera soumis tout à l'heure à la ratification de l'Assemblée nationale, marque un tournant historique dans nos relations avec l'Italie.

Troisièmement, se pose la question du sens de la construction européenne. Pour réconcilier les citoyens avec ce projet, il est indispensable de revitaliser nos institutions en leur donnant une nouvelle impulsion politique. À cet égard, le renforcement du Parlement européen passe par l'instauration d'un véritable droit d'initiative législative et – n'en déplaise à certains – de listes transnationales.

Je conclurai en évoquant l'état de droit et les valeurs démocratiques. Sur ce sujet, notre Union ne peut être diluée, encore moins connaître un retour en arrière. Le 19 janvier, dans son discours devant le Parlement européen, le Président de la République s'est prononcé en faveur de l'inscription du droit à l'avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. Les députés européens ont voté en ce sens le 7 juillet. Le Conseil européen doit soutenir cette initiative, complémentaire de l'inscription dans la Constitution française du droit à l'interruption volontaire de grossesse.

La force de l'Europe réside dans sa capacité à grandir et à nous protéger dans les situations de crise. Le Brexit et la guerre en Ukraine en témoignent. Durant six mois, l'honneur de la France est d'avoir su rassembler la grande famille européenne autour de ce projet politique unique qui nous rend plus souverains tout en respectant nos identités multiples.

Alors que certaines familles se détournent de l'Europe, je tiens à affirmer comme Pierre Mendès France en 1954 que « les conditions de son succès […] sont aussi les conditions du renouveau de la France ».

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