Intervention de Laurence Vichnievsky

Séance en hémicycle du jeudi 28 juillet 2022 à 15h00
Ratification du traité de coopération entre la france et l'italie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Vichnievsky :

Je suis presque aussi émue que le président Bourlanges tout à l'heure, et pour deux raisons : d'abord, une partie de ma famille est italienne – les Slaves se sont mélangés aux Italiens et les résultats ne sont pas si négatifs car l'un de mes enfants termine ses études à l'université Bocconi, à Milan, et l'autre fait les vendanges près de Florence, et j'ai le souvenir de mon fils, à Turin, à la tête d'un bel établissement, le restaurant Del Cambio ; ensuite, nous avons surmonté – et nous en surmonterons d'autres si elles devaient se produire – une crise assez importante que je n'aurais jamais imaginée compte tenu des liens historiques, culturels, économiques qui unissent les deux pays. Et, puisqu'il a été fait allusion aux travaux du groupe d'amitié France-Italie auquel j'appartenais pendant la précédente législature, j'ai également le souvenir de l'accueil assez frais qui nous avait été réservé par nos collègues députés à Rome.

Comme la reine, « je veux » des relations chaleureuses avec ce pays qui nous est étroitement lié depuis des millénaires. La proximité géographique de nos deux pays a fait passer, tout au long de notre histoire commune, des territoires entiers d'une sphère influence à l'autre. Ainsi, au IVe siècle avant notre ère, à l'époque de Brennus, toute une partie du Nord de l'Italie était occupée par les Gaulois, jusqu'à Trieste et jusqu'à Ancône, et était appelée par les Romains la Gaule cisalpine. Puis, de la conquête de César, au premier siècle avant notre ère, jusqu'au Ve siècle, un demi-millénaire de domination romaine sur la Gaule nous a donné, entre autres, notre langue et notre droit. Et ce n'est qu'en 1860, sous Napoléon III, qu'après le plébiscite des populations concernées, le duché de Savoie et le comté de Nice ont été rattachés à la France.

On a prononcé le nom de Garibaldi. J'ajouterai ceux d'autres Italiens qui ont contribué à l'histoire et à la prospérité de notre pays, et auxquels nous sommes reconnaissants : Leonardo da Vinci, Catherine de Médicis, Mazarin, Gambetta, Modigliani et tant d'autres.

Le traité du Quirinal, je le répète après beaucoup d'autres, c'est d'abord un traité d'amitié et c'est ensuite un traité global qui comble une lacune dans la mesure où de nombreux accords bilatéraux ont été conclus par le passé sans relever d'une approche coordonnée. Voilà qui me fait penser qu'il y a presque trente ans, un premier magistrat de liaison, à l'initiative de la France, a été installé à Rome.

Le projet de loi autorisant la ratification du traité du Quirinal prévoit d'instaurer une coopération bilatérale renforcée, sur laquelle je ne reviendrai pas, les précédents intervenants l'ayant mentionnée. J'insisterai néanmoins sur les mécanismes de concertation qui doivent en assurer la mise en œuvre – n'est-ce pas le concret, après tout, qui nous intéresse ?

Je citerai six domaines de coopération : la politique étrangère, afin de stabiliser la zone de la Méditerranée, occidentale et orientale, et d'améliorer la concertation de nos deux pays pour la défense de positions communes au sein de l'Union européenne et de l'OTAN ; la défense, en particulier en matière spatiale ; la sécurité, tant il est vrai qu'il ne faut pas minimiser l'immigration sachant combien elle reste un sujet de préoccupation pour nos amis italiens compte tenu de leur situation géographique ; l'environnement, qu'on ne défend jamais assez même si nous allons dans le bon sens et qu'il est de toute façon trop tôt pour porter un jugement sur des mécanismes qui ne sont pas encore entrés en vigueur ; une politique agricole qui privilégie la qualité des produits avec une protection accrue des appellations d'origine protégée (AOP) et des indications géographiques protégées (IGP), car la gastronomie est une richesse pour la France mais aussi pour l'Italie ; enfin, une politique de l'éducation et de la culture – rappelons-nous que l'Institut français de Florence est le premier institut culturel français à avoir été créé dans le monde, au début du siècle dernier.

Au moment où l'unité de l'Europe est parfois mise à l'épreuve, nous ne pouvons que souscrire à cette coopération renforcée entre la France et l'Italie. Et s'il faut évoquer l'actualité politique la plus récente, avec les développements survenus en Italie depuis la signature du traité, nous avons l'espoir raisonnable que, quelle que soit l'issue des élections du 25 septembre en Italie, nos pays se retrouveront côte à côte pour défendre la liberté et la souveraineté de l'Ukraine, au sein de l'Union européenne comme au sein de l'OTAN.

Le groupe Démocrate (MODEM et indépendants) votera la ratification.

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