Intervention de Jean-François Rousset

Séance en hémicycle du lundi 12 juin 2023 à 21h30
Améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Rousset :

Nous devons toutes et tous regarder la vérité en face : l'offre médicale est aujourd'hui insuffisante en France, comme chacun ici peut le constater dans sa circonscription. Chaque année, 700 000 malades sont atteints d'une ALD et 1,6 million de Français renoncent aux soins : le constat est indéniable.

Au-delà des chiffres, cette situation entraîne des retards dans la prise en charge de pathologies lourdes, mais aussi dans la réalisation des examens de dépistage, ainsi qu'un encombrement des services d'urgences : ce sont autant de pertes de chance, avec les conséquences que l'on connaît sur la santé des patients, notamment les plus fragiles. Le diagnostic est établi, mais quelles en sont les causes ?

La première est incontestablement la pénurie de médecins, elle-même provoquée par la diminution constante du numerus clausus entre 1970 et 2000. Chacun se souviendra qui était aux affaires durant cette période ; chacun se souviendra aussi que c'est à l'initiative de la majorité présidentielle que le numerus clausus a été supprimé en 2018. En mettant un terme à cette léthargie politique, nous avons fait augmenter de 24 % le nombre d'étudiants admis en deuxième année de médecine entre 2018 et 2021. C'est une hausse historique, qui surpasse même les chiffres précédant l'instauration du numerus clausus.

Si notre initiative porte ses fruits dans les universités, il faudra néanmoins attendre l'horizon 2030 avant d'en voir les effets sur le terrain. Les études de médecine sont longues ; c'est une donnée immuable avec laquelle il nous faut composer aujourd'hui. Est-ce à dire que nous devons rester patiemment les bras croisés, comme certains le suggèrent ? Nous ne le pensons pas, et nous avons d'ores et déjà agi afin de rationaliser le système de santé.

En effet, la seconde cause du mal dont souffre l'accès aux soins en France, c'est l'insuffisance de temps médical à disposition des professionnels. Il y a quatre ans, nous lancions un dispositif de soutien à l'emploi d'assistants médicaux, afin de libérer les médecins des tâches administratives qui les empêchent de remplir leurs missions principales. Plus de 3 500 contrats ont été conclus avec l'aide de l'assurance maladie, et 10 000 assistants seront en activité d'ici 2025.

Plus récemment, nous avons renforcé le partage de compétences entre professionnels de santé ainsi que les accès directs, afin que chacun puisse répondre efficacement aux besoins des patients. Je tiens à cet égard à saluer le travail mené par la rapporteure générale Stéphanie Rist, ainsi que les annonces faites aujourd'hui par le ministre de la santé et de la prévention concernant la quatrième année de DES de médecine générale. Nous agissons avec pragmatisme et méthode, conscients des problèmes rencontrés par nos concitoyens, mais soucieux de ne pas leur tenir un discours flatteur, pour ne pas dire malhonnête.

Nous aurons l'occasion d'y revenir, mais la régulation de l'installation des médecins libéraux – peu importe sa forme – ne fera pas apparaître des oasis dans les déserts médicaux : elle ne donnera lieu qu'à des mirages. Les travaux de la Drees – direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques –, ceux du Sénat et les études internationales publiées sur le sujet concluent tous au mieux à l'inefficacité de la méthode, au pire à une aggravation du problème. Il n'y a là aucun corporatisme, comme on peut l'entendre dire,…

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