Intervention de Géraldine Bannier

Séance en hémicycle du mercredi 14 juin 2023 à 15h00
Améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels — Après l'article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGéraldine Bannier :

Je voudrais apporter ma pierre au débat. Tout à l'heure, M. le ministre, pour lequel j'ai un profond respect, a dit que tout allait très bien à Craon. Or j'habite à 15 kilomètres de là et, toute députée que je suis, j'ai dû appeler dix généralistes avant d'obtenir enfin un rendez-vous – et encore, la dixième généraliste m'a bien précisé qu'elle me donnait un rendez-vous parce qu'elle y était obligée, vu que j'habitais à côté. Lorsqu'on habite à 15 kilomètres de Craon, il faut dix mois pour obtenir un rendez-vous chez un dentiste ou un ophtalmologiste – et je ne parle pas du suivi gynécologique en Mayenne : moi-même n'ai pu en bénéficier pendant des années.

Il faut trouver une solution pour mieux répartir les médecins : j'ai bien entendu vos arguments, monsieur le rapporteur, mais quand on manque de moyens, les répartir relève du bon sens. J'ai déposé une proposition de loi visant à garantir une offre de soins dans les zones sous-dotées en médecine générale et spécialisée, qui prévoyait d'instaurer une année obligatoire d'exercice en zone sous-dotée pour tous les nouveaux diplômés en médecine.

Monsieur le ministre, vous proposez de rallonger d'une année la durée des études des médecins généralistes, la portant à dix ans. Mais, en dixième année comme en quatrième, il faudra des maîtres de stages ! Les deux psychiatres que j'ai rencontrés à Château-Gontier-sur-Mayenne m'ont d'ailleurs demandé comment, à 67 et 71 ans, ils allaient pouvoir accueillir des stagiaires, d'autant qu'ils ne sont que deux praticiens. Cette mesure compliquera donc encore un peu plus la tâche dans les zones sous-denses, où il n'y a naturellement pas de maîtres de stages puisqu'il n'y a pas de médecins.

Alors qu'il y a en moyenne 338 médecins pour 100 000 habitants au niveau national, il n'y en a que 191 en Mayenne. La solution que je propose est également défendue par l'Académie de médecine, qui soutient un service médical citoyen. Obliger les médecins en début d'exercice à s'installer pour une année dans une zone sous-dense – les collectivités et l'État pourraient les accompagner dans cette démarche – ne nuit pas à leur statut libéral : à l'issue de cette année, ils feront ce qu'ils veulent. J'en appelle à l'engagement des médecins : allez d'abord vous installer là où on a vraiment besoin de vous.

Ce sujet dépasse les clivages politiques, et en tant que députée de la majorité, je tiens à le dire : la détresse de nos concitoyens est réelle, écoutez-la. Tous les jours, les Mayennais nous parlent de ce sujet. Et ce n'est pas un hasard si les trois députés de la Mayenne vous alertent aujourd'hui : ce département est la troisième zone sous-dense en France – je dis zone sous-dense car on n'aime pas parler de désert médical.

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