Intervention de Élisabeth Borne

Séance en hémicycle du lundi 3 octobre 2022 à 16h00
Déclaration du gouvernement relative à la guerre en ukraine et aux conséquences pour la france

Élisabeth Borne, Première ministre :

Cette guerre, enfin, fait planer une menace grave sur la sécurité alimentaire de nombreux pays en développement. Une crise alimentaire mondiale est possible. Aussi le Président de la République a-t-il été à l'origine de l'initiative internationale Farm – Food and Agricultural Resilience Mission –, qui organise la solidarité vis-à-vis des pays les plus menacés.

Protéger les Français, c'est aussi tirer tous les enseignements stratégiques de la crise. Ce conflit montre une fois de plus l'importance du multilatéralisme : nous sommes forts quand nous avançons unis, entre Européens, entre alliés, entre nations qui aspirent à la paix et à la sécurité internationale. La guerre a prouvé la nécessité de la souveraineté et de l'autonomie stratégique européennes. L'Union européenne s'est construite autour de l'idée de paix et de la défense de valeurs : l'État de droit, le pluralisme, les droits de l'homme. C'est ce modèle qui est attaqué par Vladimir Poutine ; c'est ce modèle que nous devons défendre ensemble.

Ces derniers mois, sous la présidence française du Conseil européen, ont été l'occasion d'avancées historiques. La facilité européenne pour la paix a été utilisée pour aider directement un pays attaqué à se défendre – c'est une véritable révolution copernicienne pour l'Europe. Nous avons acté notre volonté de muscler les investissements européens en matière de défense, en adoptant la Boussole stratégique en mars dernier. Toujours en mars, lors du sommet de Versailles, nous nous sommes engagés collectivement à lutter contre nos dépendances stratégiques, à commencer par celle qui concerne l'énergie. Désormais, nous ne sommes plus isolés quand nous parlons de souveraineté européenne : c'est une ambition largement partagée dans l'Union. Ce conflit a marqué le réveil géopolitique de l'Europe. Nous savons désormais qu'il nous faut peser pour faire valoir nos valeurs et notre modèle.

Enfin, la guerre justifie les choix que nous avons réalisés lors de la précédente loi de programmation militaire. Nous devons maintenir des capacités opérationnelles fortes, afin d'être prêts à agir dans tous les milieux et à faire face au retour de la guerre de haute intensité. C'est l'objet de la revue nationale stratégique demandée par le Président de la République, et sur laquelle s'appuiera la prochaine loi de programmation militaire. Cette revue stratégique sera partagée avec vous mi-octobre, et je souhaite que le Parlement soit associé aux travaux d'élaboration de la loi de programmation militaire.

Cette guerre dure, mais elle aura un lendemain – et dans ce monde, l'Ukraine sera debout et maîtresse de son territoire. La Russie aussi sera présente. Elle est et reste une puissance majeure. Elle sera toujours notre voisin demain : nous ne pouvons l'ignorer. L'avenir s'écrira autour d'une table de négociation, et non pas sur un champ de bataille.

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