Intervention de Frédéric Petit

Séance en hémicycle du lundi 3 octobre 2022 à 16h00
Déclaration du gouvernement relative à la guerre en ukraine et aux conséquences pour la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Petit :

Nous, députés du groupe Démocrate, avons annoncé très clairement notre position dès le premier jour et n'avons jamais tergiversé : nous sommes favorables au renforcement des sanctions à l'encontre du régime de Moscou. Nous devons, de plus, nous engager dans la reconstruction de l'Ukraine. Cette reconstruction concerne du dur, des bâtiments bombardés souvent sans raison tactique, des maisons, des hôpitaux, des écoles, des routes, des ponts, des infrastructures… Elle consiste aussi à remettre en place des administrations fragilisées depuis longtemps par l'ancienne bureaucratie ou encore la corruption, à recréer des circuits de finances publiques et collectives. Oui, nous devons commencer à reconstruire, participer de façon assumée à cette reconstruction !

De fait, outre la fourniture de moyens militaires, les Ukrainiens nous demandent de participer à la reconstruction, et plus encore : lors de nombreuses visites et rencontres, mes interlocuteurs ukrainiens m'ont davantage parlé de modernisation que de simple reconstruction. Ils assument la fragilité de leur démocratie récente, les dysfonctionnements, leurs divisions ; ils ne souhaitent pas reconstruire à l'identique, dans un grand bricolage plus ou moins humanitaire, ni maintenir les mêmes processus. Ils veulent que nous les aidions à moderniser et à transformer, à rendre leurs pratiques publiques plus transparentes et plus efficaces. Cela, je l'ai entendu dire par des gouverneurs de région, des responsables d'association, des maires, des directeurs d'école ou d'hôpital.

Or, nous avons, en France et dans l'Union européenne, des outils qui permettent de lutter contre la corruption et de promouvoir la libre et juste entreprise, de combattre l'endoctrinement des médias et de favoriser une citoyenneté éclairée, de lutter contre l'embrigadement et d'encourager l'émancipation dans les écoles.

Nous n'allons pas aider des « gentils » contre des « méchants » ; nous allons, sur un territoire de conflits, anciens et récents, développer et construire avec vaillance le seul modèle qui garantira, si nous y parvenons, que la fin de la guerre d'aujourd'hui ne sera pas à l'origine de celles de demain.

Il y a, au cœur de notre action, un enjeu critique, dramatique : les enfants d'Ukraine sont l'avenir de ce pays. Nous devons donc aider le système scolaire à rester en vie, maintenir le lien des enfants ukrainiens réfugiés avec leur pays, puis les y ramener dès que possible, contribuer à les éduquer et multiplier les échanges scolaires, comme nous l'avons fait entre Français et Allemands. Nous devrons par ailleurs faire notre possible pour que reviennent de captivité ceux que le régime russe a kidnappés et déportés – il n'y a pas d'autres mots.

Il s'agit, non pas du geste d'un grand frère en faveur d'un petit frère, de nations dominantes en faveur de prétendus esclaves ou colonisés, mais de la lente construction d'une coopération dans laquelle l'Ukraine apportera à la communauté ses forces, celles que l'on connaît – son agriculture – mais aussi celles auxquelles on pense moins, comme la décarbonation de l'énergie ou la numérisation de l'état civil, qui est une réussite dans ce pays.

C'est notre manière de faire, notre modèle de coopération, la boussole européenne dans le fracas du monde : planifier, structurer et faire ensemble dès aujourd'hui pour vivre, demain, une paix durable et souveraine.

Les Ukrainiennes et les Ukrainiens se battent pour leur liberté, et pour la nôtre. Nous devons les soutenir ; nous devons, avec vaillance et courage, prendre la main sur la reconstruction, pour notre souveraineté et la leur.

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