Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du lundi 3 octobre 2022 à 16h00
Déclaration du gouvernement relative à la guerre en ukraine et aux conséquences pour la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

La France doit encore accomplir un très grand travail pour changer, pour abandonner la course aux intérêts économiques en prenant le chemin de l'universalité du droit, le seul chemin qui nous permette de retrouver une crédibilité et une légitimité au sein du Conseil de sécurité des Nations unies et de gagner la paix. Il nous faut devenir ce pays qui se tient aux côtés de tous les peuples qui souffrent et qui combattent pour l'application de leur droit légitime à leur souveraineté territoriale.

Le peuple ukrainien lutte par les armes pour sa liberté et pour préserver la souveraineté. Cette lutte est autorisée par l'article 51 de la Charte des Nations unies qui affirme : « Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations unies est l'objet d'une agression armée, jusqu'à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. »

Pour trouver la paix, le courage n'est donc pas militaire : il doit être diplomatique. L'important est de poser les jalons d'un dialogue, comme pour l'initiative céréalière de la mer Noire. En effet, grâce aux Nations unies, depuis le 1er août, un couloir a été aménagé dans la mer Noire, après des négociations entre les belligérants.

Plus d'une centaine de navires battant pavillon onusien, qui transportent des millions de tonnes de blé ukrainien, sont escortés par la marine russe pour être déchargés notamment en Afrique de l'Est, où la famine menace des dizaines de millions de personnes. Cet exemple d'optimisme réaliste a été cité lors du discours d'ouverture de l'Assemblée générale des Nations unies par son secrétaire général, qui voulait ainsi démontrer que, si les diplomaties discutent, des solutions existent, même contre vents et marées.

Depuis 2014 et l'annexion de la Crimée ukrainienne par la Russie, le Parti communiste français appelle à une conférence européenne pour la paix et la sécurité, sous l'égide des Nations unies. Cette étape serait essentielle pour repenser et apaiser les relations internationales à l'est de l'Union européenne, et pour prendre en compte les aspirations des peuples, tant ukrainien que polonais, biélorusse ou russe.

L'Ukraine devra retrouver son territoire souverain et inviolé, tandis que les responsables russes, au premier rang desquels Vladimir Poutine, devront payer pour leurs crimes. Aucun peuple ne devra payer l'addition de la victoire ou de la défaite : seuls les profits de guerre, où qu'ils soient, devront être réquisitionnés pour financer la reconstruction.

Cette paix juste respectera la résistance héroïque du peuple ukrainien, qui meurt et souffre au quotidien. Cette paix respectera le peuple russe, lui permettant d'en finir avec la conscription et la terrible répression du Kremlin.

Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine exprime toute sa solidarité avec les femmes et les hommes qui, de part et d'autre de la frontière ukrainienne, luttent, au péril de leur vie, pour mettre fin à cette situation : par leur bravoure, ils tiennent tête au Kremlin. En Ukraine comme en Russie, de nombreux militants de la paix risquent leur vie pour témoigner de ce qu'ils vivent : ce sont eux qui permettront une réconciliation entre les peuples, anéantissant le risque d'un éternel recommencement – les Français et les Allemands peuvent en témoigner.

Comme le dit le responsable du mouvement pacifiste ukrainien, que vous avez peut-être rencontré à l'occasion de vos voyages, madame la Première ministre : « Mettre fin à la guerre passe par la réconciliation, mettre en avant des valeurs de paix et de justice. Un mouvement mondial pour la paix pourrait changer cela en préconisant un cessez-le-feu, des pourparlers entre l'Est et l'Ouest, ainsi qu'entre la Russie et l'Ukraine. Le discours de paix est souillé aujourd'hui, les militants antiguerre et les objecteurs de conscience au service militaire sont persécutés, mais aucun appétit pour la gloire et les profits tirés de l'effusion de sang ne changera le fait que la paix, et non la guerre, est une norme de la vie humaine. » Il eut été bon de donner la parole aux pacifistes ukrainiens.

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