Intervention de Francesca Pasquini

Séance en hémicycle du mardi 4 octobre 2022 à 15h00
Questions au gouvernement — Situation des accompagnants d'élèves en situation de handicap

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrancesca Pasquini :

Monsieur le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, cette assemblée a accueilli aujourd'hui la première réunion de la délégation aux droits des enfants. Après une rentrée scolaire placée sous le signe de la pénurie, il était temps que cette délégation voit le jour car, quotidiennement, les droits des enfants en situation de handicap sont bafoués en France.

Lequel de mes collègues ici présents n'a pas été interpellé pour défendre le cas d'un ou de plusieurs élèves qui n'ont pas d'AESH – accompagnant d'élèves en situation de handicap – afin de les aider dans leur scolarité ? Nous le sommes tous, de façon quotidienne. Chaque jour, l'accès à l'école de ces élèves est mis à mal par le manque d'AESH. Il n'y a, selon les chiffres du ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse, qu'un accompagnant pour quatre élèves en situation de handicap et 97 % des accompagnants effectuent un temps partiel forcé.

Chaque jour, la France contrevient au droit à l'éducation pour tous, ce droit fondamental scellé par notre Constitution et par la Convention internationale des droits de l'enfant. La Défenseure des droits est fréquemment saisie de cette question et décrit « une situation de bricolage ».

Chaque jour, ce manque d'AESH fait grandir la souffrance et le sentiment d'abandon que ressentent 430 000 familles en détresse, 430 000 enfants dans le besoin et 119 000 AESH exerçant dans des conditions inacceptables. Cette injustice cache aussi une inégalité de genre. Je ne vous apprends rien en vous disant que 92 % des AESH sont des femmes, mais sachez aussi que quand l'école est défaillante, ce sont les mères de ces enfants qui sacrifient leur carrière professionnelle, leur vie sociale, parfois même les autres enfants de la fratrie. C'est indigne pour notre pays.

Ma question est donc simple, monsieur le ministre : que prévoyez-vous à court terme pour mettre fin à cette situation d'urgence absolue ? Pensez-vous que la création de 4 000 postes sans le statut pérenne de la fonction publique et avec un salaire au lance-pierres suffira à rétablir les droits de l'enfant dans notre pays ?

1 commentaire :

Le 20/03/2023 à 10:00, Koalrise a dit :

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Bravo et merci pour cette intervention

J’ai été AESH deux ans et je confirme que ce métier qui requiert pourtant de nombreuses compétences est très mal reconnu, et bien sûr sous-payé. Les récentes évolutions ont obligé les AESH a s’occuper de plusieurs enfants à la fois dans des établissements différents, ceci au nom de la polyvalence et pour permettre une optimisation des plannings. Mais cela va à l’encontre du bien être des enfants et de leurs parents qui devraient pouvoir bénéficier d’un minimum de stabilité. Il faut du temps pour créer une relation de confiance avec l’enfant or cela n’est pas possible si les AESH changent sans arrêt d’enfants à accompagner. Être AESH ce n’est pas seulement comprendre les besoins spécifiques de chaque enfant, c’est aussi savoir travailler au sein d’une équipe composée de plusieurs acteurs dont l’enseignant. Ce travail d’équipe est indispensable et pourtant les AESH sont souvent exclues des réunions, elles n’ont pas de casiers dans la salle des profs où déposer leurs affaires, elles ne sont pas accueillies à leur arrivée. Tout cela doit changer et passe par une meilleure reconnaissance du métier, des compétences qu’il requiert et par une revalorisation de leur salaire.

Merci de leur avoir donné, le temps d’une question, un peu de visibilité.

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