Intervention de Ohri Yamada

Réunion du mercredi 6 septembre 2023 à 14h15
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Ohri Yamada, chef de l'unité phytopharmacovigilance et observatoire des résidus de pesticides à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) :

Je rappelle que l'Anses a conclu à l'absence d'alerte sanitaire au regard des résultats de la Cnep. Pour parvenir à ce résultat, nous les avons comparés à un seuil. À partir d'une donnée de concentration dans l'air, nous pouvons en déduire une concentration d'exposition par le volume d'air inspiré. Nous disposons également de valeurs toxicologiques de référence (VTR), en dessous desquelles il est peu probable que surviennent des effets sanitaires. La VTR est un élément clé dans l'évaluation des risques sanitaires, quelles que soient les expositions. Quand nous avons réalisé cette interprétation sanitaire, nous avons pointé que, globalement, les VTR existant pour les pesticides sont établies à partir d'études dans lesquelles les animaux de laboratoire sont exposés par voie orale. Il y a toujours une incertitude sur la transposition de la voie orale à une autre voie. Les effets aux seuils de concentration observés sont-ils les mêmes, quelle que soit la voie d'exposition ? Normalement, pour les effets systémiques, il n'y a pas vraiment d'incertitude sur la voie d'exposition mais les pesticides n'ont pas que des effets systémiques. Nous avons conclu qu'il n'y avait pas d'alerte manifeste mais nous ne nous sommes pas prononcés sur l'absence de risque de manière définitive. Il ne serait donc pas satisfaisant d'établir des seuils à partir des seules VTR.

Il est difficile de répondre de façon générale sur la part de l'impact sanitaire de l'exposition aérienne aux pesticides, par rapport aux autres voies d'exposition. En effet, les pesticides couvrent des milliers de substances, dont certaines sont très volatiles, d'autres persistantes, etc. Par ailleurs, la réponse serait différente pour les populations qui vivent à côté des cultures en zone agricole et pour la population générale, éloignée des sources de pesticides. Santé publique France, l'Anses et les Aasqa mènent une étude sur les personnes habitant à proximité de parcelles de vigne. Nous allons mesurer leur exposition aux pesticides dans leurs urines et dans leurs cheveux et comparer ces résultats à la contamination de l'air, des aliments et des poussières, pour déterminer s'il existe une part d'exposition plus importante pour l'une de ces voies.

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