Intervention de Christine Pires Beaune

Séance en hémicycle du mardi 17 octobre 2023 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2024 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristine Pires Beaune :

car nous avons pu débattre, en commission, de questions importantes dans une ambiance apaisée, même si le temps nous a manqué pour toutes les examiner.

Avant d'aborder le projet de loi de finances pour 2024, permettez-moi de dire quelques mots de la loi de programmation des finances publiques, que le Gouvernement, je le rappelle, a fait adopter par l'Assemblée, en nouvelle lecture, à l'aide du 49.3. Cette loi, qui fixe la trajectoire budgétaire de notre pays jusqu'en 2027, n'est pas réaliste. Elle suppose, pour les classes populaires et les classes moyennes, des sacrifices que nous ne pouvons pas cautionner.

Le « quoi qu'il en coûte » pour tous, y compris pour ceux qui n'en avaient pas besoin, implique que vous demandiez à présent des efforts à tous, y compris à celles et ceux qui n'en ont pas les moyens.

Nous n'approuvons pas cette politique qui n'a pas eu le courage de cibler les aides, préférant des mesures généralistes, telle la baisse, en 2022, du prix du litre de carburant de 18 centimes, puis de 30 centimes, puis de 10 centimes, baisse dont ont notamment bénéficié ceux qui gagnent, par exemple, plus de 10 000 euros par mois. Elles ont privé le budget de l'État de 7,5 milliards d'euros, soit 15 % des crédits alloués en 2022 à la transition écologique !

La priorité doit-elle aller au redressement des finances publiques ou à la protection des Français ? Nous faisons clairement le choix de la seconde option, la seule qui permette de maintenir la cohésion de la nation.

J'en viens au budget pour 2024. Le groupe Socialistes est en total désaccord avec vous sur les hypothèses qui fondent ce budget : nous les jugeons beaucoup trop optimistes – mais, je le dis sincèrement, monsieur le ministre, j'espère que nous nous trompons.

Ce budget est non seulement irréaliste, mais aussi – vous me pardonnerez l'expression – à côté de la plaque. Il fait fausse route, car il ne permet pas de prendre en compte les priorités et les urgences des Françaises et des Français. Pour illustrer mon propos, j'évoquerai quatre urgences.

La première est celle du pouvoir d'achat. L'inflation continue d'amputer cruellement celui de nombre de Français. Certains, c'est vrai, s'en sortent très bien. Mais beaucoup de nos compatriotes, qui pourtant travaillent ou bénéficient d'une pension de retraite bien méritée, n'arrivent plus à vivre dignement trente jours par mois.

Trouvez-vous normal qu'après quarante ans de labeur, une retraitée, qui a tout juste de quoi vivre, ne puisse plus gâter ses petits-enfants ? Qu'une auxiliaire de vie, qui prend sa voiture tous les jours pour visiter cinq ou six personnes âgées, parfois deux fois par jour, gagne tout juste le Smic et vive moins bien aujourd'hui qu'en 2019 ? Monsieur le ministre, la misère n'est pas une fatalité !

J'ai en mémoire la déclaration suivante de M. Le Maire sur l'inflation : « Nous travaillons sur un scénario principal, celui de la baisse de l'inflation à partir de la fin de l'année 2022. » Cette déclaration a été faite le 8 février 2022 sur France Inter. Hélas, non seulement l'inflation n'a pas reflué à la fin de 2022, mais elle s'est maintenue à un niveau très élevé au cours du premier semestre 2023.

Il y a quinze jours, la commission des finances a auditionné les associations caritatives. Toutes nous ont dit voir arriver en masse de nouveaux bénéficiaires. Pis, pour la première fois de leur longue, trop longue histoire, les Restos du cœur nous ont indiqué qu'ils allaient devoir refuser de nouveaux bénéficiaires et diminuer la quantité de nourriture distribuée. Pauvre Coluche ! Il doit se retourner dans sa tombe. Comment en sommes-nous arrivés là ? La septième puissance mondiale est incapable de nourrir sa population…

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