Intervention de Michèle Martinez

Séance en hémicycle du jeudi 12 octobre 2023 à 9h00
Soutenir les femmes qui souffrent d'endométriose — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Martinez :

L'endométriose est la première cause d'infertilité en France. C'est une maladie gynécologique inflammatoire chronique, qui se caractérise par la présence d'endomètre, une muqueuse utérine, en dehors de l'utérus.

Cette pathologie est évolutive et tous les organes peuvent être touchés : intestins, estomac, rectum, vessie, vagin, système nerveux, et dans de plus rares cas, les poumons, les yeux et le cerveau. Cette maladie est caractérisée par de multiples symptômes – malaises, troubles digestifs, fatigue chronique –, mais le principal d'entre eux est la douleur. Douleurs abdominales, lombaires ou neuropathiques peuvent toutes intervenir pendant, comme en dehors du cycle menstruel, et elles affectent la vie de millions de nos concitoyennes. L'impact de cette maladie sur la vie privée et sociale est important, tant en raison du risque d'infertilité que de l'isolement ou de la nécessité de faire face à l'incompréhension d'un entourage qui ne connaît pas ou mal l'endométriose.

Ces nombreuses épreuves peuvent entraîner des problèmes de santé mentale tels que la dépression. En effet, si les douleurs physiques surviennent principalement lors de crises, les douleurs psychiques liées aux questionnements et aux inquiétudes sont profondes et permanentes. Les répercussions sur la vie scolaire et professionnelle des jeunes filles et des femmes sont tout aussi désastreuses : absentéisme, difficulté à garder un emploi ou à suivre un cursus scolaire.

Toutes ces conséquences, dans tous les domaines de la vie, en font une maladie handicapante. En France, nous sommes près de 2 millions de femmes à être touchées par ce mal, soit près de 10 % d'entre nous. Cet hémicycle compte 219 femmes sur ses bancs, ce qui signifie que, très probablement, une vingtaine d'entre nous font face ou ont dû faire face à cette pathologie.

On dit très souvent qu'il existe autant de variétés d'endométriose que de femmes touchées. C'est la vérité, puisque les symptômes varient selon les cas, ce qui rend difficile le diagnostic, qui est posé, selon les estimations de l'Inserm, en moyenne sept à dix ans après l'apparition des premiers symptômes.

Cette errance médicale est également liée au manque de formation de nos médecins et, plus globalement, de l'ensemble des professionnels de santé, dont font partie les infirmiers scolaires, par exemple.

En outre, comment ne pas évoquer la désertification médicale de notre pays, qui n'épargne pas la gynécologie ? Selon le rapport d'information de la délégation aux droits des femmes du Sénat du 14 octobre 2021 intitulé « Femmes et ruralité », dans 77 départements français sur 101, il y a moins de 2,6 gynécologues pour 100 000 femmes et 13 départements en sont même dépourvus. Selon l'UFC-Que choisir, un quart des Françaises n'ont pas accès à des soins gynécologiques, pourtant essentiels dans la vie de chaque femme.

Le vieil adage selon lequel il est normal d'avoir mal pendant ses règles ne contribue pas non plus à la prévention et au dépistage de cette maladie, qui commence, pour la plupart des femmes atteintes, avant 20 ans, dans une période de la vie où l'on se construit.

Du fait du caractère évolutif de la maladie, de nombreux examens sont nécessaires pour son diagnostic et son suivi : échographie endopelvienne, imagerie par résonance magnétique (IRM), cœlioscopie, autant d'actes qui coûtent cher et qui ne sont pas remboursés en totalité par la sécurité sociale.

La prise en charge de ces frais médicaux à 100 %, que permettrait le classement de l'endométriose dans les pathologies considérées comme affection de longue durée, constituerait donc une avancée importante.

En outre, la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé protégerait les femmes en leur permettant d'avoir un poste de travail adapté, de bénéficier d'horaires aménagés et de doubler la durée du préavis légal. Contrairement à ce que l'on a pu entendre lors des débats en commission, le statut de la RQTH n'engendre pas de frais supplémentaires ni l'impossibilité d'obtenir un prêt bancaire.

En effet, depuis le 1er juin 2022, il n'est plus nécessaire de remplir de questionnaire sur son état de santé, si la part assurée par personne est inférieure ou égale à 200 000 euros et si le remboursement total du prêt est prévu avant les 60 ans de l'intéressé.

Enfin, chers collègues, notre proposition est loin d'être opportuniste. La prise de conscience de notre famille politique sur ce sujet ne date ni d'hier ni d'avant-hier. La reconnaissance de l'endométriose était un engagement présidentiel majeur de Marine Le Pen envers les femmes,…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion